Quand Gilbert White découvrait un nuage de cendres en 1783

La fermeture de l’espace aérien en raison d’un nuage de cendres volcaniques. Loufoque ? Mais ce n’est pas la première fois qu’une éruption en Islande touche la Grande-Bretagne. Matt Treacy de la BBC se penche sur le cas d’un scientifique du XVIIIe siècle.

Par GVadmin Publié le 27 avril 2010 à 17 h 14

La fermeture de l’espace aérien en raison d’un nuage de cendres volcaniques. Loufoque ? Mais ce n’est pas la première fois qu’une éruption en Islande touche la Grande-Bretagne. Matt Treacy de la BBC se penche sur le cas d’un scientifique du XVIIIe siècle.

Gilbert white, nuage de cendre

Le Laki vu par Gilbert White

En 1783, Gilbert White, ecclésiastique anglais, notait déjà un incident de la sorte depuis sa maison dans le Hampshire (sud de l’Angleterre). Ce sont ses observations, effectuées depuis sa maison de Selborne, près d’Alton, une petite ville marchande du Hampshire, qui ont permis de connaître les effets d’un volcan appelé Laki, au sud de l’Islande.

Le 8 juin 1783, le Laki déversait de la lave en fusion dans la campagne islandaise et relâchait davantage de gaz toxiques que n’importe quelle autre éruption des 150 dernières années. Les effets se sont fait ressentir dans l’ensemble de l’hémisphère nord.

L’éruption a créé tellement de gaz sulfureux qu’un énorme nuage d’acide sulfurique a commencé à se diriger au-dessus de l’Europe. Le nuage atteignait la Grande-Bretagne le 22 juin 1783. Il entraînait la mort de plus de 20.000 personnes en Grande-Bretagne, ce qui représente la catastrophe naturelle la plus meurtrière de l’histoire britannique moderne.

Brume de coton et soleil de sang

Gilbert White décrivait alors le nuage de cendres à son ami Daines Barrington, membre de la Royal Society (l’équivalent de l’Académie des sciences) : "La brume d’un aspect particulier ou le brouillard cotonneux qui s’est imposé sur notre île et au-delà de ses frontières était d’une apparence des plus extraordinaires, sans égal connu dans la mémoire de l’humanité."

Il expliquait également que les cendres exerçaient un effet spectaculaire sur la lumière du jour : "À midi, le soleil était aussi pâle qu’une lune nuageuse. Il envoyait un rayon de lumière ferrugineuse sur la terre et les sols des maisons. Il était particulièrement rougeoyant et de la couleur du sang au moment du lever et du coucher."

Il semblerait également que les cendres aient entraîné un changement de température dans le Hampshire. Il poursuit :

La chaleur était d’une telle intensité que l’on pouvait à peine manger la viande de boucher le jour où elle était abattue.

Le journaliste de la BBC continue l’article en précisant que l’Agence britannique de protection de la santé a affirmé que le nuage de cendres de l’éruption volcanique de 2010 ne présentait aucun risque important sur la santé. Aujourd’hui par exemple, sur les terres de Gilbert White, il n’existe aucun signe visible du récent nuage de cendres.

Scientifique pionnier

En revanche, ses observations effectuées sur le "nuage assassin" il y a 227 ans ont permis de façonner les études scientifiques modernes sur les éruptions volcaniques. Elles demeurent, à ce jour, l’une des preuves les plus importantes dans ce domaine.

La maison de Gilbert White se trouve toujours dans la campagne du Hampshire. Mais aujourd’hui, elle abrite un musée dédié à l’un des pionniers de l’histoire naturelle. Né en 1720, le scientifique a vécu dans ce village la plus grande partie de sa vie. C’est là qu’il a noté bon nombre des changements de la nature qu’il pouvait observer autour de lui.

La conservatrice du musée Carey Hides affirme que ses notes étaient particulièrement méticuleuses :

Il adorait son jardin. Petit à petit, il a commencé à noter ce qui se passait autour de lui. À l’origine, c’était une sorte de journal intime de jardin... Il a continué ainsi et a fini par tout noter : la flore, la faune et des données météorologiques tout au long de sa vie.

Ses notes ont changé la façon dont les scientifiques observent le monde de la nature. Malheureusement, son livre, The Natural History of Selborne (L’histoire naturelle de Selborne), publié en 1787, n’explique de façon que très succincte la vie sauvage à travers les saisons. Toujours imprimé de nos jours, il était le quatrième livre le plus publié en langue anglaise... avant l’arrivée des aventures d’Harry Potter.

news.bbc.co.uk

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