un cours d’eau asséché à cause de l’hydroélectrique

Illustrant la complexité de produire de l’énergie de manière neutre pour l’environnement, la surexploitation d’une rivière de la province du Shaanxi a conduit à son assèchement. Les villages des alentours qui vivaient de la pêche et des autres bienfaits du cours d’eau sont les victimes impuissantes de l’appât du gain …

Par GVadmin Publié le 26 mai 2010 à 8 h 00

Illustrant la complexité de produire de l’énergie de manière neutre pour l’environnement, la surexploitation d’une rivière de la province du Shaanxi a conduit à son assèchement. Les villages des alentours qui vivaient de la pêche et des autres bienfaits du cours d’eau sont les victimes impuissantes de l’appât du gain de certaines administrations locales, qui vendent les droits d’exploitation à des industriels locaux souvent peu soucieux des contraintes environnementales.

l'hydroélectrique assèche les cours d'eau en Chine
Certains projets menacent l’approvisionnement en eau potable des villages voisins. © Andrey Bourdioukov

La rivière Lanfeng, située dans le sud de la province du Shaanxi sur le territoire de la municipalité de Ankang, est un affluent du fleuve Hanshui. Fin Avril, un journaliste du China Youth Online l’a remontée sur 100 km, comptabilisant 16 usines hydroélectriques en cours de construction ou déjà exploitées. Il s’agit exclusivement de centrales de dérivation au fil de l’eau. Ces usines consistent en un barrage, un canal de dérivation (bief), une centrale abritant les turbines et un canal de fuite. Problème, elles dérivent la totalité du cours, ne laissant aucune eau filtrer vers le lit naturel de la rivière, créant des tronçons court-circuités, souvent sur plusieurs kilomètres.

Cette surexploitation est la conséquence d’une politique formulée par le gouvernement du village de Pingli il y a quelques années :

Produire de l’électricité grâce à l’eau, encourager l’industrie grâce à l’électricité, enrichir la communauté grâce à l’industrie.

Le responsable du bureau de l’hydroélectricité local explique ainsi :

En dehors de l’impôt sur les sociétés, ces centrales doivent s’acquitter d’une taxe sur les ressources hydriques de 30 centimes de Yuan par kW/h. (Encore rentable pour un type d’usines connu pour le faible investissement nécessaire et la rapidité des retours générés.)

Cependant, cette rentabilité économique se fait trop souvent au détriment de l’environnement. Liu Shukun, professeur à l’institut scientifique national sur l’hydroélectrique, estime ainsi que

l’impact sur l’environnement des centrales à dérivation est dévastateur. La construction d’une seule usine sur un petit cours d’eau peut détruire tout le système écologique en aval.

Les conséquences peuvent être variées. Après son ouverture en 2007, la centrale de Duchuangkou a asséché une portion de 6 km du cours d’eau.

Les poissons crevés ont séché au soleil pendant fort longtemps, occasionnant des odeurs à peine supportables.

Un villageois a des souvenirs nets de cette triste expérience. Plus grave, certains projets menacent l’approvisionnement en eau potable des villages voisins.

Dans un autre registre, le projet de Songya a fait rentrer dans son canal de dérivation des rigoles qui servent d’irrigation, permettant l’exploitation de 100 mus de terres (environ 7 hectares). Les villageois ont un jour réalisé que

l’administration a vendu à des investisseurs privés les moyens de subsistance de toute une communauté. Cette eau qui a irrigué la terre de nos ancêtres, de quel droit est-elle brutalement devenue la propriété du bureau de l’hydroélectricité ? Pourtant, peu de paysans osent s’élever contre le gouvernement local. Aller protester, ça servirait à quoi ? Je vous le dis moi : tout au plus à s’attirer des problèmes.

Les autorités de la province ont pourtant agi. En 2007, un règlement a été promu, imposant aux centrales au fil de l’eau de conserver un flux minimum en dehors du canal de dérivation permettant d’alimenter le cours naturel des rivières. Pour les petits cours d’eau tel que le Lanhe (environ 80 mètres cubes / seconde), les autorités ont imposé de conserver au minimum 10% du flux total. Les experts restent cependant sceptiques, rappelant que la norme pour les pays développés est de 60%.

S’il s’agit certes d’un progrès, c’est encore insuffisant aux yeux de Liu Shukun.

Du point de vue écologique, ce type d’usine est très néfaste. Leur construction devrait tout simplement être interdite au niveau national.

Malheureusement, la construction excessive de ce type d’unités n’est pas exclusive à la rivière Lanhe. Selon les dernières statistiques disponibles, il y avait fin 2006 plus de 45 000 centrales hydroélectriques en service dans le pays, pour la plupart des unités à dérivation.

zqb.cyol.com

Références :

fr.ekopedia.org

Schéma explicatif d’une usine à dérivation au fil de l’eau, dans une configuration où le flux principal est conservé dans le lit du cours d’eau :
Chine : un cours d’eau asséché par la sur-utilisation des ressources hydroélectriques

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