Une marée noire aux airs de déjà vu pour BP

La catastrophe du Golfe du Mexique n’est pas le premier désastre pétrolier de BP. En 2006, le groupe anglais a été condamné à verser 20 millions de dollars en raison d’un incident provocant la fuite de près de 757 000 litres de pétrole dans la Prudhoe Bay en Alaska.

: © Alex Sudarikov

C’est ce que révèle en 2006 une enquête menée par Scott West, un ancien agent spécial en charge de la division des enquêtes criminelles de l'Environmental Protection Agency (EPA) de Seattle.

Suite à la rupture d’un important pipeline dans la Prudhoe Bay, environ 757 000 litres de pétrole brut ce sont déversés à travers le versant nord de l'Alaska.

La violation par BP de la loi sur la protection de l’eau était une raison suffisante selon Scott West pour déclencher une audience au Congrès des États-Unis ; et accuser le British Petroleum d’infraction grave. À la grande surprise de ce dernier subitement nominé au ministère de la Justice d’Anchorage en cours d’enquête, le tribunal a condamné BP à verser la modique somme de 20 millions de dollars.

Malgré la requête de l’agent spécial de l’EPA auprès du procureur de l’Alaska de poursuivre l’enquête une année supplémentaire, le dossier a été clos le 24 octobre 2007. Le ministère de la justice a par ailleurs réfuté dans un communiqué de presse les allégations de Scott West mettant en exergue la gravité de l’incident causé par BP.

Considérant le montant de l’amende dérisoire, l’EPA a recommandé au ministère de la justice d’augmenter les pénalités infligées à BP de 58 à 672 millions de dollars. Une fois de plus, le procureur de l’Alaska, Nelson Cohen a minimisé l’affaire de Prudhoe Bay en décidant que l’amende ne devait pas dépasser 35 millions de dollars. Scott West est convaincu que des tractations privées entre les avocats de BP et le gouvernement se sont déroulées au préalable pour convenir des modalités de sanction.

L’insuffisance des mécanismes de coercition démontre la capitulation du gouvernement face à l’industrie pétrolière constate Scott West. Les confidences du chef de la division criminelle au bureau du procureur d’Alaska –Karen Loeffler –, selon lesquelles l’ordre de fermer le dossier de Prudhoe Bay émane du procureur général adjoint à l'environnement et aux ressources naturelles prouve d’après Scott West que l’État américain néglige la sécurité sanitaire et environnementale de ses citoyens.

Il y a tout juste 10 ans BP s’auto proclamait la plus verte des compagnies pétrolières en lançant notamment son slogan « Beyond petroleum » (Au-delà du pétrole). Déterrer de vieux dossiers oubliés prouve qu’il existe chez BP un fossé entre la stratégie de marketing vert et le respect des engagements environnementaux.

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