la palourde qui fait vaciller le barrage du fleuve Beça

Le Ministère de l’Environnement a gelé la construction du barrage de Padroselos sur le fleuve Beça, un des quatre barrages de la Cascade du Haut Tâmega. Ce lieu se trouve être le sanctuaire de la Palourde de Rio do Notre, espèce protégée par la législation européenne.

Par GVadmin Publié le 1 juillet 2010 à 9 h 42

Le Ministère de l'Environnement a gelé la construction du barrage de Padroselos sur le fleuve Beça, un des quatre barrages de la Cascade du Haut Tâmega. Ce lieu se trouve être le sanctuaire de la Palourde de Rio do Notre, espèce protégée par la législation européenne.

groupe de palourdes appelées Margaritifera margaritifer
Palourdes Margaritifera margaritifera. © Joel Berglund

La Déclaration d'Impact Environnemental (DIA) des barrages du Haut Tâmega, signée la semaine dernière par les pouvoirs publics portugais prévoit l'annulation de la construction du barrage de Padroselas, un des 4 barrages de la concession obtenue par l'entreprise espagnole Iberdrola.

Des réserves ont également été émises pour les 3 autres barrages qui devront remplir un cahier des charges très strict en matière de compensations socio-économiques et environnementales, 'sans compromettre la production hydroélectrique nationale'.

On perçoit au travers de cette déclaration la grande complexité qui entoure la gestion de la politique énergétique du pays, qui tente de concilier indépendance énergétique et enjeux de développement durable.

A l'origine de cette annulation se trouve une palourde. Certes, pas n'importe laquelle, une espèce (dite du Rio do Norte ou Margaritifera margaritifera) protégée par la législation de l'Union Européenne. On la trouve dans certains fleuves au Portugal bien qu'elle ait été considérée disparue en 1986. Ainsi la découverte, lors de l'inspection environnementale, de sa présence à l'endroit prévu pour le barrage, a incité les autorités à demander 'un possible scénario alternatif du projet' qui passe par l'exclusion du site actuel. Ce dernier aurait en effet entrainé la disparition quasi certaine de l'espèce.

Pour Antonio Crespí, chercheur à l'Université de Vila Real, cette décision est purement politique et vient compenser un processus d'évaluation environnemental très mal conduit depuis le départ. Même s'il considère cette espèce de palourde très importante dans la chaîne de biodiversité de la région, il trouve 'ridicule voire comique' de réduire tout le processus d'un tel projet à une seule espèce. Le chercheur critique le manque de rigueur de l'évaluation et met en avant la nécessité d'investir dans cette région déprimée économiquement, à condition de le faire dans le cadre d'une politique de développement durable correctement planifiée.

L'entreprise espagnole n'a pas dû apprécier la décision, elle qui a déboursé la bagatelle de 303 millions d'euros pour l'exploitation des barrages pendant 65 ans. Le projet des 4 barrages du Haut Tâmega est censé produire 1 900 gigawatts heure (GWh), équivalent à la consommation d'un million de personnes, pour un investissement de 1,7 milliards d'euros. L'enjeu est de taille car il vise à économiser plus de 200 millions d'euros par an au Portugal en importation de pétrole.

Publico Ecosfera

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