Lutter contre la pauvreté pour protéger la biodiversité

En modifiant leur mode de vie et en recherchant de nouveaux moyens de subsistance, les communautés locales de la Sierra Gorda s’efforcent de préserver les écosystèmes de cette réserve de biosphère. Pourtant, ces populations comptent parmi les plus pauvres du Mexique : …

Par GVadmin Publié le 9 juillet 2010 à 9 h 09

En modifiant leur mode de vie et en recherchant de nouveaux moyens de subsistance, les communautés locales de la Sierra Gorda s’efforcent de préserver les écosystèmes de cette réserve de biosphère. Pourtant, ces populations comptent parmi les plus pauvres du Mexique : le développement de nouveaux systèmes de rétribution est donc nécessaire pour les encourager à protéger leur environnement.

Ce rectangle là-bas, c’est moi qui l’ai mis à nu, déclare Esteban Martínez en désignant une zone où tous les arbres ont disparu. Avant, je chassais les jaguars qui tuaient nos bêtes. J’en ai abattu quelques-uns. Mais c’est fini, je ne vis plus de la destruction de la forêt.

Avec d’autres habitants de la région, ils ont abandonné l’agriculture de subsistance au profit d’un projet éco-touristique : une auberge ouverte aux visiteurs de la Sierra Gorda.

Cette chaîne montagneuse couvre près d’un tiers de l’état de Querétaro, dans le centre du Mexique, et offre la plus grande diversité d’écosystèmes du pays avec 384 000 hectares déclarés réserve de biosphère.

Dès 1987, Martha Ruiz Corzo, professeur de musique, fonde l’association Grupo Ecológico Sierra Gorda avec pour objectif l’administration de la réserve. Grâce à l’appui de fondations privées et d’agences internationales telles que le Fonds Mondial pour l’Environnement (FEM), la réserve a pu procéder à la reforestation de zones dégradées, permettant ainsi la certification et la mise sur le marché du carbone de plus de 28 000 tonnes de CO2.

Pour Martha Ruiz Corzo, aujourd’hui directrice de la réserve, il est nécessaire que ces fonds ne servent pas uniquement aux projets de gestion durable de la forêt, mais qu’ils soient également dirigés vers les communautés locales. Pour cela, elle met en place des unités de 'retour social sur investissement' (SROI : Social Return On Investment), qui considèrent à la fois les bénéfices sociaux et environnementaux des actions entreprises. Son objectif est de créer des 'certificats boursiers de santé planétaire' combinant protection de la biodiversité et lutte contre la pauvreté. La création par l’État d’un fonds qui offrirait des compensations aux habitants pour les services environnementaux fournis par leurs forêts et leurs jungles est également à l’étude.

Martha Ruiz Corzo explique qu’il est impossible d’exiger des communautés les plus pauvres de la planète qu’elles s’engagent à protéger leurs ressources si on ne leur en donne pas les moyens. Au Mexique, la moitié des 107 millions d’habitants vit avec moins de 5 dollars par jour. Pas facile, dans ces conditions, de leur faire abandonner leurs activités d’exploitation forestière et d’agriculture, même lorsque celles-ci exercent une pression trop importante sur les écosystèmes locaux.

Actuellement, un tiers des forêts de la réserve est touché par des parasites ayant proliférés au cours des dernières années, en raison des modifications du régime de pluie et des sécheresses provoquées par le changement climatique. La Sierra Gorda nécessite plus que jamais l’aide de ses habitants pour faire face aux menaces qui pèsent sur elle.

Tierramérica

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