des Chinois en situation d’esclavage décèdent sous la charge de travail

Sous couvert d’un programme de formation technique internationale, le Japon profite de la main d’oeuvre bon marché du reste de l’Asie. Des jeunes participants à ce programme, en excellente santé, meurent régulièrement d’infarctus.

Par GVadmin Publié le 14 août 2010 à 9 h 15

Sous couvert d’un programme de formation technique internationale, le Japon profite de la main d’oeuvre bon marché du reste de l’Asie. Des jeunes participants à ce programme, en excellente santé, meurent régulièrement d’infarctus. Pour la première fois, le gouvernement japonais a reconnu que l’origine de leur décès était à chercher dans leur dose de travail exagérée.

Le 'Programme de Stages Techniques et Industriels' (PSTI) a été mis en place à la fin des années 1980 par un Japon en pleine surchauffe économique. Promettant monts et merveilles aux ressortissants de Chine et d’Asie du Sud-Est, ce programme a été mis en place avec un double objectif. D’abord, répondre au besoin de main d’oeuvre bon marché de l’industrie. Ensuite, ne pas s’aliéner l’opinion publique opposée à l’immigration de personnel sous qualifié.

Pourtant, les jeunes étrangers arrivés dans le cadre du PSTI déchantent vite. Un salaire deux fois moins important que celui des ouvriers japonais, pas de sécurité sociale, ... Pour survivre, ils accumulent les heures supplémentaires. Au risque d’y laisser leur peau. En 2008, 34 jeunes étrangers arrivés dans le cadre du PSTI sont décédés. Tous de moins de 30 ans, 16 sont morts de problèmes cardiaques ou cérébraux, 5 d’accidents du travail. Un autre s’est suicidé.

Parmis eux, Jiang Xiadong, fils d’agriculteurs chinois. Son père malade ne pouvant plus assurer la survivance du foyer, le jeune homme a décidé de partir pour le Japon, attiré par les promesses de ce pays développé. Il est mort de 'karoshi', surplus de travail. Il a fallu une enquête poussée pour en arriver à cette conclusion, car les systèmes informatiques de la société pour laquelle il travaillait ne montraient pas d’heures supplémentaires avant sa mort. Alors qu’il en avait fait des centaines.

Avec le cas de M. Jiang, le gouvernement japonais a pour la première fois reconnu le surtravail comme cause de la mort d’un 'stagiaire' étranger. C’était le 2 juillet dernier. Sa soeur se souvient :

depuis la mort de Xiaodong, notre mère, d’habitude pleine de vie, passait ses journées à fixer sa photo. Elle est morte le 30 juin d’une tumeur au cerveau. Si le procès avait reconnu la cause de la mort de mon frère 3 jours plus tôt, elle serait partie en paix. Là où elle est maintenant, elle aurait pu annoncer la nouvelle à Xiaodong. (...) D’autre part, ce qui me peine le plus, c’est de voir ma nièce demander innocemment à ma belle soeur : 'quand est-ce que papa revient à la maison ?'

L’amende honorable du Japon laisse espérer que les choses changent. Mais il faudra avant tout confier la gestion du PSTI à une instance nouvelle. Le drame vient en effet du fait que l’organisme qui contrôle ce programme, JITCO, manque cruellement d’indépendance. Une avocate explique :

En 2008, les ressources totales de JITCO s’élevaient à 2,94 milliards de yens (environ 25,86 millions d’euros). Plus de la moitié de cette somme, soit 1,66 milliards de yens (environ 14,6 millions d’euros), venaient des cotisations des membres. Comment JITCO peut contrôler et réguler les actions de ses membres alors qu’elle est dépendante de leurs cotisations ?

Une question qui reste en suspens...

The Japan Times ONLINE

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