l’orpaillage traditionnel décroche un label écologique

Les pratiques ancestrales des chercheurs d’or de la province de Chocó sont désormais encouragées par l’O.N.G. colombienne Oro Verde. En s’engageant à n’utiliser aucun produit toxique et à préserver les milieux qu’ils exploitent, ces artisans bénéficient d’un prix de vente supérieur à celui…

Par GVadmin Publié le 16 août 2010 à 9 h 32

Les pratiques ancestrales des chercheurs d’or de la province de Chocó sont désormais encouragées par l’O.N.G. colombienne Oro Verde. En s’engageant à n’utiliser aucun produit toxique et à préserver les milieux qu’ils exploitent, ces artisans bénéficient d’un prix de vente supérieur à celui du marché et reçoivent des primes destinées au développement local.

Pollution d'une crique par l'orpaillage © Nateko, Wikimédia

Répétant les gestes hérités des esclaves africains qui durant des siècles ont fouillé le fond des rivières de cette région de la Colombie occidentale, Luis Américo Mosquera, 52 ans, sépare les paillettes d’or du sable à l’aide de sa batée et d’un mélange de plantes artisanal.

Comme lui, 194 familles de la région ont décidé d’adhérer au programme proposé par l’organisation colombienne Oro Verde (Or Vert), afin d’en finir avec la pollution au mercure engendrée par les méthodes conventionnelles d’extraction de l’or.

Grâce à un prix d’achat supérieur de 2% au cours mondial, chaque famille gagne environ 250 000 pesos par mois, soit un peu plus de 100 €. Luis Américo Mosquera explique avec fierté que cet argent leur permet non seulement d’acheter à manger, mais qu’ils gagnent suffisamment pour pouvoir acheter des habits et des chaussures, soutenant ainsi le reste de la communauté. Une prime de 13% du montant des ventes vient s’ajouter à leurs revenus, afin de financer des projets de développement local.

En contrepartie, les orpailleurs s’engagent à n’utiliser ni mercure ni produits toxiques, à remettre en place les couches de terre qu’ils travaillent afin que celles-ci soient de nouveau utilisables pour les cultures, et à préserver les espèces aquatiques.

Ailleurs en Colombie, ces bonnes pratiques environnementales sont plutôt rares. La flambée des cours a réveillé la fièvre de l’or, dont l’once se négociait à plus de 1200 $ au mois de juin dernier. La découverte de tout nouveau filon débouche invariablement sur l’arrivée de dizaines de pelleteuses, qui ne tardent pas à retourner la terre et à dévier les cours d’eau. Ces investisseurs peu scrupuleux, parfois financés par des groupes armés illégaux, utilisent du mercure pour séparer l’or des alluvions, contaminant gravement l’eau des rivières. Ils n’hésitent pas non plus à employer des enfants. Dans la région de Zaragoza, près du port de Buenaventura, les dégâts sont tels que l’état d’urgence environnementale a dû être déclaré.

En 2009, Oro Verde a remporté le prix international Seed Awards, qui récompense les projets de développement durable, parrainé par les Nations unies et par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Le projet colombien, ainsi qu’une dizaine d’initiatives similaires en Amérique du Sud, bénéficiera également du label Fairtrade (commerce équitable) en Grande-Bretagne. L’objectif est d’obtenir 5 % des parts de marché de la bijouterie au cours des 15 prochaines années.

À l’heure actuelle, l’or labellisé Oro Verde est déjà exporté vers 11 pays, dont le Canada, les États-Unis, la France, le Danemark et l’Allemagne.

El Tiempo

Aucun commentaire à «l’orpaillage traditionnel décroche un label écologique»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.