Une invasion de moules d’eau douce menace les industries

Impossible de l’éliminer ! Ce mollusque asiatique originaire de Chine n’a aucun prédateur connu en Amérique du Sud et remonte inexorablement les fleuves en s’accrochant à …

Par GVadmin Modifié le 5 avril 2012 à 15 h 41

Impossible de l’éliminer ! Ce mollusque asiatique originaire de Chine n’a aucun prédateur connu en Amérique du Sud et remonte inexorablement les fleuves en s’accrochant à toutes les surfaces dures qu’il rencontre. Il bouche au passage les canalisations des usines, qui tentent de contrôler sa prolifération, sans y parvenir.

©pdphoto.org

La Limnoperna fortunei, communément appelée moule dorée, serait arrivée en Argentine en voyageant clandestinement sur des cargos asiatiques, au début des années 1990. Les stations de potabilisation de l’eau de Buenos Aires furent les premiers sites à signaler des problèmes liés à sa présence : en se fixant sur les grilles métalliques protégeant les pompes, elles diminuaient leur débit.

Dans un premier temps, les ingénieurs ont dû procéder à un nettoyage trimestriel des grilles, pour finalement les remplacer par de nouveaux modèles recouverts de cuivre, sur lesquels les mollusques ne parviennent pas à se fixer. Dans la ville de Rosario, sur les berges du fleuve Paraná, le problème a été résolu en procédant à la chloration de l’eau brute avant qu’elle ne pénètre dans la centrale. Chaque site industriel essaye tant bien que mal de s’accommoder de la présence de cet envahisseur, qu’il n’est plus question d’éradiquer.

Car ce petit mollusque de 4 cm à peine progresse à la vitesse fulgurante de 200 km par an et touche déjà le cœur du continent sud-américain. Détecté pour la première fois en 1991 dans le Río de la Plata, il atteignait l’Uruguay en 1993, le Paraguay en 1997 et enfin, en 2001, la plus grande zone humide de la planète : le Pantanal boliviano-brésilien. La moule dorée peut survivre jusqu’à une semaine sans eau et a même colonisé des lacs isolés, en s’accrochant probablement à la coque de petites embarcations de pêche transportées par voie terrestre. C’est ainsi que le 3 février 2008, l’usine de potabilisation du lac San Roque surchauffait avant de s’arrêter, privant d’eau une grande partie de la population de Córdoba, la deuxième ville du pays.

À l’heure actuelle, l’invasion ne concerne pas encore le fleuve Amazone, mais tous les affluents du Río de la Plata et du Río Paraná sont touchés, en Argentine, au Brésil, en Bolivie, en Uruguay et au Paraguay. Dans la centrale hydroélectrique de Yacyretá, on dénombrait jusqu’à 248 000 individus par mètre carré !

Gustavo Darrigran, directeur du Groupe de recherches sur les mollusques invasifs de la Faculté des sciences naturelles et du Musée de La Plata, explique cependant que les invasions biologiques ont toujours existé, même si l’on constate une accélération de ce phénomène depuis les années 80, en raison de la mondialisation et de l’augmentation des échanges commerciaux entre les pays. Il estime que la moule dorée s’est définitivement installée sur le continent. Les fleuves lui offrent en effet un habitat idéal, riche en aliments, à température constante et libre de tout prédateur.

clarin.com

Aucun commentaire à «Une invasion de moules d’eau douce menace les industries»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.