La lutte contre l’esclavage domestique des mineures

Une enquête menée entre août 2009 et juin 2010 par l’association mauritanienne des femmes chef de famille (AFCF) a recensé 900 cas d’emplois de filles domestiques mineures en Mauritanie.

Par GVadmin Modifié le 27 avril 2012 à 10 h 59

Une enquête menée entre août 2009 et juin 2010 par l’association mauritanienne des femmes chef de famille (AFCF) a recensé 900 cas d'emplois de filles domestiques mineures en  Mauritanie.

© Ferdinand Reus

C’est l’histoire de jeunes filles âgées de 6 à 12 ans qui ont quitté leur village natal ou leur pays pour trouver un emploi dans une grande ville de Mauritanie ; et soutenir financièrement leur famille.

Mineures et sans aucune qualification professionnelle, les jeunes filles se retrouvent souvent placées comme soubrette dans des familles aisées. Malheureusement en guise de salaire, elles sont bien souvent victimes d’actes de maltraitance, séquestration, et toutes autres formes d’humiliation. Pire encore, certaines domestiques venues  de pays étrangers (Sénégal, Gambie, Mali, Sierra Léone, Guinée…) sont sous la coupe de trafiquants de main d’œuvre. Après de dures journées de labeur, elles sont contraintes de se prostituer la nuit.

Les statistiques sont criantes. Parmi les 900 filles domestiques mineures recensées, 30% d’entre elles perçoivent tardivement leurs salaires, 40% subissent des sévices corporels et sont exploitées et 30% sont victimes de viols, d’accusations de vol et de menaces.

Pour éradiquer ce fléau, l’association mauritanienne des femmes chef de famille (AFCF) en partenariat avec Terre des Hommes et la coopération espagnole (AECID) a lancé en 2009 le projet 'Assistance, protection et insertion des filles domestiques mineures'.

Très rapidement,  dix comités composés des parents de filles domestiques, des familles qui les emploient et des mairies sont créés dans les neuf moughataas (départements) de Nouakchott, la capitale. Les comités sont dirigés par des représentants de l’AFCF et accompagnés par trois assistantes sociales et un avocat.

D’ores et déjà, l’AFCF a ouvert cinq classes d’alphabétisation dans cinq moughataas de Nouakchott dans lesquelles 80 filles suivent régulièrement des cours. Des activités génératrices de revenus ont par ailleurs été financées par l’organisme afin d’aider les familles les plus pauvres.

L’AFCF et ses partenaires entendent par ailleurs apporter une assistance juridique aux filles domestiques mineures pour aider les victimes de violences et maltraitances à être rétablies dans leurs droits.

Lutter contre l’esclavage domestique des mineures est loin d’être facile. Le phénomène est banalisé en Mauritanie, mais dans le même temps le sujet est tabou. Si la justice lançait une chasse aux sorcières et appliquait la loi à la lettre, de nombreuses personnalités du pays se retrouveraient derrières les barreaux.

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