Les habitants des forêts sont officiellement chargés de les protéger

Entre le bâton et la carotte, le gouvernement de Rafael Correa a fait son choix. L’État préfère désormais collaborer avec les propriétaires des terres menacées de déforestation en les incitant …

Par GVadmin Modifié le 27 avril 2012 à 16 h 17

Entre le bâton et la carotte, le gouvernement de Rafael Correa a fait son choix. L’État préfère désormais collaborer avec les propriétaires des terres menacées de déforestation en les incitant financièrement à préserver les richesses naturelles du pays, plutôt que de continuer à mener une politique uniquement répressive, pas toujours efficace.

© Antonio Oquias

Max Lascano, directeur du projet Socio Bosque ('Partenariat forêt'), explique que depuis son lancement il y a deux ans, cette initiative a permis de garantir la conservation d’un demi-million d’hectares de forêt primaire pour les 20 années à venir. À travers la signature de 631 conventions, quelques 60 000 personnes sont ainsi devenues partenaires de l’État dans sa lutte contre la déforestation et touchent jusqu’à 30 dollars annuels par hectare, en échange de leur engagement à ne couper aucun arbre.

Le zonage des régions les plus vulnérables est établi en évaluant la menace qui pèse sur les forêts et l’incidence de la pauvreté sur le comportement des populations locales. Il prend également en compte l’importance de la production de 'services environnementaux', tels que la préservation de la biodiversité, la régulation des ressources hydriques ou encore le stockage du dioxyde de carbone. Parmi les menaces identifiées : la monoculture forestière, les plantations de palmiers à huile, l’exploitation illégale du bois et l’expansion de la frontière agricole.

Pour lutter contre ces fléaux, Max Lascano estime que

les personnes ne sont pas le problème, elles sont la solution.

La participation au programme Socio Bosque se fait sur la base du volontariat en convertissant les propriétaires des zones boisées en défenseurs actifs de leur patrimoine naturel. La communauté des indiens Zaparos est le partenaire le plus important. Elle s’est engagée à préserver 89 000 hectares et touche en contrepartie 70 000 $ annuels, qui sont investis dans le développement local. De manière générale, Socio Bosque encourage ses partenaires à développer des programmes de lutte contre la pauvreté avec les fonds reçus.

Considéré comme l’un des 17 'pays mégadivers', l’Équateur abrite entre 5 à 10% de la biodiversité de la planète, selon les estimations du ministère de l’Environnement. Sa couverture forestière est évaluée à 10 millions d’hectares, répartis sur plusieurs régions aux caractéristiques très différentes. Malgré sa petite taille, l’Équateur offre des climats et des écosystèmes extrêmement variés, en raison notamment des importantes variations d’altitude et de pluviosité d’une région à l’autre.

Le taux de déforestation a connu une baisse sensible au cours des dernières années et approche aujourd’hui les 198 000 hectares annuels. Beaucoup trop encore pour Max Lascano, qui espère que Socio Bosque permettra de préserver 4 millions d’hectares de forêt primaire et d’éviter ainsi les émissions de gaz à effet de serre que générerait leur destruction.

Les bénéfices ne concernent donc pas uniquement l’Équateur, mais la planète entière. C’est la raison pour laquelle Socio Bosque cherche à obtenir des financements extérieurs. L’Allemagne montre l’exemple une fois de plus en soutenant le projet à hauteur de 10 millions d’euros.

Cette initiative n’est pas sans rappeler le projet Yasuní ITT, né en Équateur lui aussi, qui prévoit de ne pas exploiter une partie du pétrole d’Amazonie en échange d’une contribution financière internationale.

canalclima.com

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