Retraites et tsunami d’argent

L’approche de la retraite pour les baby-boomers suggère un horizon économique difficile mais le gouvernement néo-zélandais refuse catégoriquement d’assouplir son système.

Par GVadmin Publié le 6 octobre 2010 à 9 h 43

L’approche de la retraite pour les baby-boomers suggère un horizon économique difficile mais le gouvernement néo-zélandais refuse catégoriquement d’assouplir son système.

© Cathy Yeulet

Avec les premiers enfants du baby-boom néo-zélandais qui prendront leur retraite en 2011, les experts néo-zélandais estiment que verser une retraite à partir de 65 ans n’est plus viable, mais le gouvernement rechigne à s’engager sur ce terrain.

Les comportements changent : un tiers des Kiwis de 65 à 70 ans sont encore actifs, pour seulement 11% il y a 20 ans. Nombreux sont ceux qui entreprennent une nouvelle carrière à cet âge, un changement radical, et contre-balancent les visions plus pessimistes d’un tsunami d’argent. Ganesh Nana, économiste à l’institut de recherche Berl, croit en une transformation des comportements qui évitera que le coût des retraites soit un fardeau trop lourd sur les générations futures. L’impossibilité du système de retraite repose sur le fait que les gens s’attendent à ne plus travailler dès 65 ans. Pour M. Nana, cette idée reçue n’est nullement justifiée et ne peut plus être entretenue.

Cependant, même en travaillant plus longtemps, la population reste vieillissante et prolonger la durée de vie active n’est pas suffisant. Le système tel qu’il est est un poids trop lourd pour le taux de croissance économique.

La Nouvelle-Zélande a fait un choix dans la dernière décennie, en privilégiant les votes 'gris' et en augmentant les retraites. Alors que le taux de pauvreté infantile est supérieur à la moyenne de l’OCDE, le pays se classe dans le peloton de tête dans le combat contre la pauvreté des personnes âgées. D’autres pays sont dans le même cas, mais là où la Nouvelle-Zélande se distingue, c’est dans le refus du gouvernement à changer les choses.

Après avoir été chahuté sur des promesses non tenues sur la retraite, le Parti National s’est définitivement engagé en 2008 à respecter ses propositions sur le taux des retraites et l’âge minimum, à n’importe quel prix. Le Premier Ministre John Key a même promis de démissionner en cas de changement pendant son mandat, obligeant implicitement tout parti visant le pouvoir à faire de même.

En place depuis 2007, le système KiwiSaver tient encore la route : chaque individu contribue entre 2 et 8% du salaire brut à chaque versement de salaire, l’employeur contribue à 2% du salaire brut, et en combinant les contributions publiques et privées, son coût est bien raisonnable par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE. Mais il n’encourage pas au changement de comportement et n’est donc pas rassurant face au tsunami d’argent qui s’annonce l’année prochaine. Les gens vont devoir travailler plus longtemps à mesure que l’espérance de vie augmente et le système dans sa forme actuelle ne semble pas les en récompenser.

Le problème du gouvernement est son refus d’exercer une vraie discipline fiscale et la seule solution envisageable face à la vague des baby-boomers est une flexibilité de l’âge de la retraite, par exemple en augmentant l’âge minimum à 67 ans pour percevoir la retraite versée par l’État et en laissant un choix relatif de partir en retraite à 65. De cette manière, les gens contribueraient plus longtemps. Comme il est également prouvé que les travailleurs sont moins malades, cette souplesse réduirait les coûts de santé.

A toutes ces suggestions, le parti National n’offre qu’un refus total.

Pour le Ministre des Finances, le modèle fiscal actuel est un problème pour le développement durable mais la retraite complémentaire n’est qu’une partie du problème et donc aucun changement n’est nécessaire.

Les Néo-Zélandais voient les baby-boomers comme une 'Génération avare', avec un fossé entre ceux qui doivent rembourser leur prêt étudiant et financer les retraites des baby-boomers et ces derniers qui ont bénéficié d’une éducation gratuite, ce qui augmente la rancœur de certains envers le système de retraite en place. Cependant, comme le rappellent les spécialistes, à profession égale et en tenant compte de l’inflation, les salaires actuels dépassent de 45%, en moyenne, ceux d’il y a 30 ans. Mais la génération n’est pas réellement convaincue de sa propre chance.

La non-durabilité du système en chiffres :

Le taux de mortalité sera plus élevé que le taux de natalité en 2031, la durée de vie longue de 4 ans de plus environ et, en 2060, il y aura 4 retraités pour 10 travailleurs, alors que les données actuelles sont de 2 pour 10.

1/4 du budget opérationnel du gouvernement va aux plus de 65 ans, mais comme le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans devrait doubler d’ici 2031, les experts s’attendent à atteindre les 40%.

8% des dépenses du gouvernement seront consacrées à la retraite complémentaire si le système ne change pas, au lieu de 4.4% cette année.

stuff.co.nz

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