Les biocarburants, un substitut au pétrole : entre mirage et réalité

Par melanie.mangold Modifié le 27 avril 2012 à 11 h 55

Au fur et à mesure que les pays exportateurs de pétrole (Arabie Saoudite, Russie, Venezuela, Iran, etc.) se modernisent, leurs propres besoins pétroliers augmentent. Nous sommes donc présentement dans une situation délicate : la demande mondiale de pétrole augmente alors que son offre diminue, ce qui confirme la fin d'un pétrole bon marché.

© FAO/ Franco Mattioli

Les biocarburants apparaissent dès lors comme une solution de rechange aux combustibles fossiles. Mais disons d’entrée de jeu que nous ne ferons pas fonctionner tous nos avions, nos voitures et nos trains avec de l’huile de palme ou de la canne à sucre.

La faible teneur énergétique des agrocarburants

Bien moins riches que les combustibles fossiles, les biocarburants ont un faible rendement sur investissement énergétique (RIE) - rapport entre la somme de l’énergie produite par du biocarburant et la somme de l’énergie consommée pour extraire l’énergie des biocarburant-.

[Or] notre civilisation s’est bâtie sur le rendement de l'énergie abondant et riche des combustibles fossiles, précise Darrin Qualman.

Autrement dit, l’énergie nette du biodiesel, de l’éthanol ou du biogaz est si faible qu’il est peu probable que notre société peuplée de grattes-ciel et de voitures aurait pu se construire sans les carburants fossiles bon marché. Ce qui signifie aussi qu’il n’y a pas de raison que leur prix diminue.

Darrin Qualman souligne par ailleurs que

pour nourrir 7 ou 8 milliards de personnes, nous utilisons une grande quantité d'énergie issue des combustibles fossiles sous la forme d’engrais azotés en gaz naturel.

Grosso modo, pour faire face à la réduction des énergies non fossiles, nous comptons sur des exploitations agricoles qui utilisent elles-mêmes de l’énergie fossile. C’est un peu l’histoire du serpent qui se mord la queue.

Force est de constater que les biocarburants ne permettront pas, à eux seuls, de réduire notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles, et que leur part dans la consommation mondiale d'énergie restera vraisemblablement petite. À leur décharge cependant, l’essor des biocarburants pourrait combler les besoins énergétiques des populations rurales de nombreux pays. La sécurité alimentaire et la préservation de l’environnement sont certes prioritaires, mais elle doit en revanche tenir compte de l’accès aux transports des paysans vivant en zone reculée.

Quelques alternatives aux biocarburants

À bien y penser, l’enjeu ne consiste pas à stopper brutalement la production des biocarburants mais de proposer des solutions complémentaires permettant de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de lutter contre le réchauffement climatique.

La première idée qui vient à l’esprit, est de mettre en place des politiques qui réduisent la consommation globale de carburant à travers les taxes sur les carburants et les normes d'efficacité énergétique.

Diversifier le portefeuille énergétique destiné aux transports est aussi une solution. Bonne nouvelle, la voiture hybride rechargeable semble être le véhicule écologique de demain. Cette thèse a notamment été avancée dans le rapport Syrota intitulé Mission Véhicule 2030. Les analystes s’accordent en effet à dire que

le véhicule hybride rechargeable, qui cumule les avantages du thermique et de l’électricité sans en avoir les inconvénients les plus importants, a toutes les chances d’être le véhicule de demain.

Une autre solution, plus radicale, serait de freiner sensiblement notre consommation en énergie. Conscient de l’engouement que suscitent des évènements comme la Journée mondiale sans ma voiture, de plus en plus de gouvernements occidentaux multiplient les initiatives à l’attention des cyclistes et des adeptes de la marche. L’exemple de quatre étudiants chinois ayant fait 900 kilomètres en vélo, soit le tour de l’île de Hainan, afin de sensibiliser la population sur la protection de l’environnement, dévoile aussi la volonté qu’ont Monsieur et Madame Tout le Monde de participer à la gestion durable de la planète.

Même si la pratique du vélo peut diminuer notre consommation en énergie et réduire en même temps les cas d’obésité, il ne faudrait tout de même pas culpabiliser les personnes qui préfèrent le confort d’une voiture à la marche à pied. Comme nous le savons tous, l’abus n’exclut pas l’usage. Et pourtant, il est grand temps de se demander si nous allons vers des matins radieux ou des réveils difficiles !

Sonia Eyaan

Aucun commentaire à «Les biocarburants, un substitut au pétrole : entre mirage et réalité»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.