Le barrage qui veut noyer la jungle

Une entreprise brésilienne relance la polémique autour des barrages hydroélectriques de grande envergure, à travers un projet qui prévoit la construction d’une centrale de 2 200 mégawatts contre le déplacement de 10 000 habitants …

Par GVadmin Publié le 14 octobre 2010 à 7 h 02

Une entreprise brésilienne relance la polémique autour des barrages hydroélectriques de grande envergure, à travers un projet qui prévoit la construction d’une centrale de 2 200 mégawatts sur la rivière Inambari. À la clé, un investissement de 5 milliards de dollars que le gouvernement péruvien n’entend pas laisser passer, même s’il doit pour cela convaincre 10 000 habitants d’abandonner leurs forêts.

© Harris Shiffman

Dans les 70 villages qui seront engloutis si la retenue voit le jour, les discussions vont bon train. Une partie de la population a déjà adhéré au projet, alléchée par les promesses d’indemnisations et de relogement dans de meilleures conditions, mais la plupart des habitants de cette région pauvre du sud-est péruvien refusent de partir. Plus de 2 000 personnes ont déjà prévu de marcher jusqu’à la capitale afin de protester contre la construction du méga-barrage, qui deviendrait l’un des plus importants du Pérou et de toute l’Amérique Latine.

En cas de feu vert du gouvernement, la retenue inondera près de  37 800 hectares, principalement constitués de forêt tropicale primaire. Egasur, l’entreprise brésilienne à la tête du projet, estime cependant que la motivation de certains opposants ne relève pas vraiment de préoccupations écologistes, mais vise plutôt à défendre les intérêts d’activités illégales extrêmement polluantes telles que l’orpaillage et la macération de la coca.

On trouve en effet plusieurs petites exploitations aurifères le long de la rivière Inambari, et beaucoup d’habitants de la région n’ont d’autre choix que de planter de la coca pour survivre. Dix kilos de feuilles de coca se vendent environ 43 dollars, quand le kilo de cacao vaut moins de deux dollars.

L’entreprise brésilienne propose 10 zones différentes pour le relogement des personnes déplacées et tente de convaincre la population locale de vider les lieux, à grands renforts de cadeaux dans les écoles des villages. Outre les fournitures scolaires, elle promet aussi d’offrir l’accès à l’électricité et la mise en place d’un réseau d’eaux usées.

Mais pour les organisations écologistes, l’absence d’un véritable programme de développement économique et social de ces communautés conduira simplement au déplacement des problèmes environnementaux dans d’autres zones. Selon elles, le projet profitera surtout au Brésil, et ne génèrera que de faibles retombées économiques locales. Car le Pérou sera contraint de diriger une partie importante de l’énergie produite vers le Brésil pendant 30 ans, sans que cet accord puisse être renégocié. Les écologistes estiment que l’entreprise brésilienne cherche simplement à produire ailleurs son électricité, là où les règlementations environnementales et sociales sont moins contraignantes. Le Brésil abrite déjà la deuxième centrale hydroélectrique la plus grande au monde (après le barrage des Trois-Gorges), qu’il partage avec le Paraguay.

ipsnoticias.net

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