Les expropriations forcées poussent au crime

Le 27 octobre s’est ouvert à Fushun le procès de Yang Yi. Il avait en avril dernier poignardé devant une cinquantaine de personnes un officiel du gouvernement de la ville. Une sombre affaire qui passionne le public chinois.

Par GVadmin Publié le 4 novembre 2010 à 16 h 10

Le 27 octobre s’est ouvert à Fushun le procès de Yang Yi. Il avait en avril dernier poignardé devant une cinquantaine de personnes un officiel du gouvernement de la ville. Cet officiel accompagnait une équipe de travaux publics pour commencer la destruction forcée de la maison et de l’usine de la famille. Une sombre affaire qui passionne le public chinois.


Le 8 avril, Wang Guangliang arrive à la tête d’une armada de pelleteuses et de camions. Le responsable de la commission immobilière du quartier de Gaowan de la ville de Fushun (province du Liaoning), n’est pas venu en ami. Selon le parquet, il serait venu négocier avec la famille Yang qui refuse l’expropriation. Mais l’avocat de l’accusé réfute cette version : pourquoi venir négocier avec des pelleteuses ? Il s’agit clairement de détruire les bâtiments. Le petit frère de l’accusé qui gère la société familiale et son épouse auraient été tabassés. La belle-sœur aurait pu passer un coup de fil à Yang Yi, qui serait descendu défendre sa famille. Armé de deux couteaux de cuisine, il a alors poignardé deux officiels. Le premier a survécu, alors que Wang Guangliang est mort sur le coup.

Si les versions du parquet et de la défense diffèrent sensiblement, le public chinois a sans hésitation pris partie pour l’accusé. Lassée par le comportement arrogant des officiels locaux, l’opinion estime que ce geste s’apparente à de la légitime défense. En effet, la demande d’expropriation valait de juillet à septembre 2006. La destruction de l’usine en 2010 constituait alors un acte illégal. Dans la salle d’audience prévue pour 100 personnes, 200 personnes se sont entassées pour soutenir l’accusé. En plus, une pétition de plusieurs centaines d’habitants du quartier a été envoyée au juge.

Nous sommes des habitants de Gaowan. Nous jurons que Yang Yi et sa famille ont été sommés de quitter leur propriété sans aucune compensation financière. Devant la menace d’une expropriation forcée et sous l’emprise de la colère, Yang Yi a poignardé un officiel venant le déposséder de ses biens. Nous prions les magistrats de tenir compte de la situation et de juger l’accusé avec clémence.

Le parquet et l’avocat de la famille de la victime demandent la peine de mort avec exécution immédiate pour assassinat prémédité. L’avocat de l’accusé demande lui de juger Yang Yi pour blessures et coups volontaires ayant entraîné la mort. Ce qui permettrait à l’accusé d’éviter la peine capitale.

Le jugement n’a pas été prononcé, sans doute du fait de la pression pesant sur les juges. En effet, les expropriations qui tournent mal se multiplient aux quatre coins du pays et la pratique est inique. Bien des habitants de maisons souvent certes insalubres mais parfaitement situées sont relogés dans de lointaines banlieues, avec une maigre allocation, pour le profit des promoteurs immobiliers et de leurs amis placés dans l’administration. Cependant, si la justice semble lâcher un officiel et suivre la volonté apparente du peuple, de graves conséquences politiques risquent d’en découler.

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