Pétrole et biodiversité, un conflit en haute-mer

Une étude de Greenpeace montre que les exploitations de gaz et de pétrole empiètent sur 8,7% des aires marines qui devraient être protégées. Et le phénomène, au lieu de reculer, devrait s’amplifier …

Par GVadmin Publié le 5 décembre 2010 à 6 h 20

Une étude de Greenpeace montre que les exploitations de gaz et de pétrole empiètent sur 8,7% des aires marines qui devraient être protégées. Et le phénomène, au lieu de reculer, devrait s’amplifier avec les nouvelles découvertes de pétrole 'pré-sel' qui demanderont des perforations à des profondeurs encore jamais atteintes.

© Eric Basir

Au cas où la fabuleuse prévision de réserve de 60 milliards de barils de pétrole stockés dans la couche 'pré-sel' serait confirmée, le Brésil s'élèverait au rang de grand producteur mondial de pétrole. Sauf que, pour cela, les sondes de perforation du pré-sel mettront en péril des espèces de la biodiversité brésilienne. Cette difficile tâche de concilier des intérêts parfois inconciliables, comme la protection de l’environnement et le développement économique, est le thème d’une cartographie inédite de Greenpeace intitulée Mer, pétrole et biodiversité - La géographie du conflit.

Dans cette étude, Greenpeace superpose les zones de concession d’exploitation de pétrole définies par l’Agence Nationale du Pétrole à celles considérées prioritaires par le Ministère de l’Environnement en termes de préservation de la biodiversité. Selon l’ONG, le Brésil a un pourcentage de préservation très bas: 0,71%. L’objectif est d’atteindre les 10% d’ici 2020. Aujourd’hui il y a à peine 87 unités de conservation, totalisant 25 000 km2 de surface marine protégée. Le pays, possédant une côte de 3,5 millions de km2, devra donc protéger 330 000 km2 pour atteindre cet objectif de 10%.

Greenpeace souligne que les nouveaux projets de perforation de la couche pré-sel vont limiter encore plus les zones de conservation marine. Certaines plateformes sont même dangereusement proches de zones de préservation, menaçant des sanctuaires tels que le Parc National des Lençóis Maranhenses, la Réserve Biologique de Comboios ou celle de Taim. Ces plateformes sont exploitées par des entreprises brésiliennes comme Petrobras ou étrangères comme El Paso, Shell, ou Repsol, entre autres.

Izabella Teixieira, ministre de l’Environnement, estime que les ressources financières issues de l’exploitation du pétrole pré-sel seront cruciales pour atteindre les objectifs de conservation. Pour elle, exploitation et conservation vont de paire.

Mais la réalité semble, pour le moment, différente. En effet, aucune  des nouvelles concessions attribuées récemment n’a eu d’impact direct sur les unités de conservation. L’Agence Nationale du Pétrole a néanmoins affirmé par le biais d’un communiqué que

En 2010, l’Agence a intensifié ses contrôles offshore, accentuant sa présence dans les installations des concessionnaires afin d’orienter voire de punir dans le but de promouvoir l’application de la loi.

Alors que le monde est en train de repenser l’exploitation des hydrocarbures en haute-mer depuis l’accident de BP dans le Golfe du Mexique, le Brésil semble ignorer les méfaits du pétrole

..., s’exclame Adriano Pires, directeur du Centre Brésilien d’Infrastructure, rappelant que, sur 600 milliards de R$ (260 millions d’euros) d’investissements prévus par le Ministère des Mines et Energie d’ici à 2019, le secteur des biocombustibles va recevoir seulement 66 milliards de R$. Ceci prouve, selon lui, le peu de préoccupation du gouvernement en matière de diversification des sources d’énergie. D’autres voix s’élèvent pour dire que le Brésil ayant atteint l’autosuffisance grâce à ses réserves et découvertes de pétrole, il n’y pas de raison de poursuivre la politique d’explorations avec autant d’empressement.

pib.socioambiental.org

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