La femme rurale sort de l’ombre

Le milieu rural, profondément patriarcal, offre bien peu de reconnaissance et de possibilités d’émancipation aux femmes, pourtant majoritaires au sein de la population paysanne. En créant un fonds destiné à soutenir les projets ruraux …

Par GVadmin Publié le 24 décembre 2010 à 6 h 46

Le milieu rural, profondément patriarcal, offre bien peu de reconnaissance et de possibilités d’émancipation aux femmes, pourtant majoritaires au sein de la population paysanne. En créant un fonds destiné à soutenir les projets ruraux initiés par des femmes, le gouvernement colombien essaye de revaloriser le travail accompli depuis toujours par les travailleuses agricoles.

© Oleksii Akhrimenko

Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) de 2008, les femmes produisent entre 50 et 80% des aliments au niveau mondial. Plus un pays est pauvre, et plus cette proportion a tendance à augmenter. Paradoxalement, elles ne sont propriétaires que de 10% des terres de la planète.

Ce déséquilibre flagrant s’explique notamment par la suprématie masculine au niveau juridique. En Colombie, par exemple, les terres doivent être enregistrées au nom du couple, du père ou des frères. Bien souvent, les démarches administratives nécessaires à l’obtention d’aides ou de prêts exigent la présentation d’une documentation complexe auprès d’organismes situés dans des grandes villes, voire même parfois à Bogotá, dans la capitale. Pour de nombreuses paysannes, la présence d’enfants à charge rend inenvisageable ce type de déplacement.

Juan Camillo Restrepo, ministre de l’Agriculture colombien, a annoncé que 850 000 $ seraient consacrés en 2011 aux initiatives entreprises par des femmes en milieu rural. Il a exprimé sa détermination à rompre avec l’immobilisme qui a caractérisé les administrations précédentes, et a reconnu la dette historique du pays envers sa population féminine. Le ministre s’est engagé à mettre en place rapidement des mécanismes de microcrédit qui bénéficieront en priorité aux jeunes entrepreneuses et aux ouvrières du secteur agricole.

L’annonce faite par le gouvernement est toutefois accueillie avec méfiance par les associations de productrices, qui estiment que le plan d’aide ne sera efficace que s’il est accompagné de mesures au niveau local. Il s’agit bien sûr de garantir la bonne gestion des fonds reçus, mais il faut surtout promouvoir un changement des mentalités à travers des projets culturels et éducatifs, afin d’offrir aux femmes la place qui leur revient au sein de la société rurale.

En Colombie, les séquelles provoquées par les multiples guerres internes qui ont secoué le pays sont venues s’ajouter à l’exode rural massif que le monde a connu au cours du 20ème siècle. Les conflits entre guérilléros et paramilitaires ont entraîné à eux seuls le déplacement de 3,3 millions de personnes depuis 1985, tandis que près de 2 millions d’hectares leur ont été confisqués. La population rurale colombienne est ainsi passée de 70% en 1950, à 26% en 2005.

ipsnoticias.net

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