L’aciériste Shougang rend son ciel bleu à Pékin

C’est le plus grand aciériste chinois. Symbole de l’industrie lourde prônée par le régime de Mao, la société dont le nom veut littéralement dire ‘acier de la capitale’ a, cette année, terminé une mutation radicale : …

Par GVadmin Modifié le 24 juillet 2012 à 14 h 53

C’est le plus grand aciériste chinois. Symbole de l’industrie lourde prônée par le régime de Mao, la société dont le nom veut littéralement dire 'acier de la capitale' a, cette année, terminé une mutation radicale : toute sa production a été déménagée de la capitale. Avec pour conséquence une amélioration de l’air à Pékin. Mais qu’en est-il des nouveaux centres de production ?

Aciérie, Chine © Stefano Tronci

Shougang produit de l’acier à Pékin depuis 90 ans. Avec l’avènement du régime communiste, les usines nationalisées ont été au centre du développement de l’industrie lourde prôné par les élites de l’époque. Puis le développement économique venu avec les réformes de Deng Xiaoping a donné lieu à une progression fulgurante de la production. De 1980 à 1990, la quantité d’acier sortie des usines de la capitale est passée d’1 à 8 millions de tonnes par an…

Mais les émissions polluantes ont malheureusement accompagné cette augmentation de la production. A l’époque, 34 tonnes de gaz polluants étaient chaque année relâchées dans l’atmosphère par kilomètre carré. Dans les résidences du quartier de Shijingshan, les fenêtres étaient recouvertes de plastiques pour éviter que la poussière ne s’infiltre. Dans l’été torride de Pékin, les habitants n’osaient ouvrir leurs fenêtres, de peur d’être asphyxiés par un air lourdement pollué.

Le changement est venu avec les Jeux Olympiques de Pékin, organisés en été 2008. La production a été fortement réduite dès le mois de juin de cette année là. Mais c’est 2010 qui verra la fin totale de la production de Shougang à Pékin. Lors du premier jour suivant la fermeture de la dernière usine, Monsieur Liu, qui y avait fait toute sa carrière, a du mal, comme ses collègues, à quitter les lieux.

Ma vie s’est fondue dans l’acier en fusion. Je suis rentré dans l’usine il y a 30 ans, j’ai passé près des fourneaux plus de temps qu’auprès de mon épouse. Mais pour le ciel bleu de Pékin, on accepte cet effort et on abandonne notre passé.

La production globale d’acier chinois continuant à progresser, une question dérangeante se pose forcément. Si le ciel redevient bleu à Pékin, va-t-il se noircir ailleurs en Chine ? Zhu Jimin, PDG de Shougang, se veut rassurant.

Il ne s’agit pas simplement de déplacer la pollution d’un endroit à un autre. Nous avons formulé depuis plusieurs années une politique environnementale cohérente. Nous profitons de la fermeture des vieilles usines de Pékin pour construire des usines de haute qualité environnementale ailleurs.

Ainsi, le nouveau centre de production de Jingtang recycle à la fois chaleur, gaz, pression et eau résiduels. Le complexe industriel a été déclaré de 'niveau international moderne avancé'. La production d’une tonne d’acier nécessite 3,84 mètres cubes d’eau et rejette seulement 420 grammes de CO2 dans l’atmosphère, atteignant ainsi un niveau d’efficacité très élevé.

Pendant ce temps là, les anciennes usines de Shougang sont devenues une destination touristique appréciée des Pékinois. Comme le souhaitait la direction, on est donc passé d’un 'parc dans l’usine' à une 'usine dans un grand parc'.

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