Le prix de la tortilla fait reculer la production de bioéthanol

La hausse du cours du maïs, base de l’alimentation mexicaine, contraint le gouvernement à maintenir l’interdiction de produire des biocombustibles à partir de céréales. ..

Par GVadmin Modifié le 17 juillet 2012 à 14 h 36

La hausse du cours du maïs, base de l’alimentation mexicaine, contraint le gouvernement à maintenir l’interdiction de produire des biocombustibles à partir de céréales. Dans le nord du pays, quatre états testent déjà du maïs transgénique, censé garantir la souveraineté alimentaire.

© Jon Sullivan

Tandis que les gros producteurs réclament à cor et à cri un assouplissement de la législation qui permettrait aux états dont la production est excédentaire de procéder à l’élaboration d’éthanol à partir de maïs, les associations paysannes dénoncent la pression exercée par les multinationales américaines, colombiennes et brésiliennes spécialisées dans la production de biocarburants. Elles rappellent que la part de la population qui n’arrive pas à couvrir ses besoins alimentaires est en constante augmentation et atteint désormais 18,2%.

Fin décembre, alors que le gouvernement s’apprêtait à donner son feu vert à la production d’éthanol de maïs, le prix des tortillas s’est envolé de près de 50%, obligeant les autorités à mettre en suspens leur projet. Cette flambée des cours s’explique entre autre par la forte demande de bioéthanol de maïs aux États-Unis, qui absorbe 37% de la production, tandis que la Russie a décidé l’arrêt de ses exportations de blé, suite à la vague de chaleur qui a dévasté les récoltes. Les récentes inondations ayant ravagé l’Australie ont également contribué à aggraver la situation.

Dans ces conditions, Víctor Suárez, président de l’Association nationale d’entreprises commercialisant des produits agricoles (ANEC), estime que la réforme de la loi autorisant la production d’éthanol à partir d’aliments de base serait

une folie, dont le seul but est l’enrichissement des grands producteurs, […] alors que 20% de la population du Mexique vit dans l’extrême pauvreté et que 45% des aliments sont importés

En outre, il rappelle que sans subventions, la fabrication d’éthanol n’est absolument pas rentable.

Pour en finir avec la malnutrition, plusieurs organisations civiles ont soutenu une réforme visant à inscrire le droit à l’alimentation dans la constitution, mais celle-ci a été rejetée par le Sénat.

Malgré le manque de certitude des scientifiques concernant l’innocuité des cultures transgéniques, le gouvernement préfère miser sur plusieurs variétés de maïs OGM, actuellement cultivées de manière expérimentale dans quatre états du nord du pays.

Mais ces recherches ne sont pas du goût de tous les mexicains. Car le maïs n’est pas seulement le principal ingrédient de la cuisine nationale ; il représente aussi un élément fondamental de la culture des peuples autochtones. Une légende Maya veut que les dieux aient créé l’homme à partir du maïs, et celui-ci est toujours utilisé dans certains rituels.

Comme l’explique Javier Cruz Mena, chercheur du département de divulgation scientifique de l’Université Nationale Autonome de México (UNAM), le processus de modification fait débat :

La cellule est bombardée avec des microparticules du gène que l’on veut introduire, et il est impossible de déterminer dans quelle partie de la cellule elles finiront.

Víctor Suárez ne remet pas en question le manque d’investissement et d’innovation technologique dont souffre le secteur agricole, mais à ses yeux, les OGM ne constituent pas une réponse appropriée. Il dénonce l’absence totale de réelle politique agricole depuis plus de 25 ans, qui se traduit aujourd’hui par une productivité médiocre et un sentiment d’abandon au sein du monde paysan.

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