Les dessous de l’industrie du démantèlement des navires

Le 18 janvier, une explosion dans un navire en démantèlement dans le port de Chittagong, au sud-est du Bangladesh, a fait 4 morts. Ce triste événement est l’occasion pour la presse de se pencher, une fois de plus, sur le sort des ouvriers de ces chantiers de la peur.

Par GVadmin Modifié le 17 juillet 2012 à 15 h 06

Le 18 janvier, une explosion dans un navire en démantèlement dans le port de Chittagong, au sud-est du Bangladesh, a fait 4 morts. Ce triste événement est l’occasion pour la presse de se pencher, une fois de plus, sur le sort des ouvriers de ces chantiers de la peur.


Leurs conditions de travail horribles avaient été révélées dans le documentaire coréen primé Iron Crows. Pour quelques dollars, ils risquent leur vie pour démanteler les navires militaires et marchands occidentaux. L’industrie du démantèlement est un des rares secteurs qui 'marchent' au Bangladesh, avec le textile. Il apporte des devises à un pays où la pauvreté extrême est encore très répandue. Les accidents sont nombreux : selon des estimations conservatrices, il y aurait eu 16 explosions et 30 morts sur les 2 années passées à Chittagong.

Avec ces chiffres effrayants, les autorités avaient pourtant pris des mesures. La Cour suprême avait fortement limité l’importation de navires à démanteler en 2009. Pourtant, tout le monde sait que ça continue. Que s’est-il passé le 18 janvier ? Selon le propriétaire de la société MAK,

Aucune activité de démantèlement n’était en cours sur le yard.

Dur à croire. Un rescapé confie de son côté :

Ils étaient en train de démonter un réservoir quand l’explosion s’est produite.

Une explosion forte si l’on en croit les habitants des alentours, qui assurent qu’elle a été entendue à plus de 2 miles à la ronde (plus de 3,2 kilomètres).

Les familles des 4 victimes, atterrées, sont inquiètes aussi pour leur avenir. La mère de l’une d’entre elles se lamente :

Nous ne recevrons pas de compensation pour la mort de nos enfants. Si on demande que justice soit faite, ils nous intimideront et nous menaceront. Pourquoi ont-ils eu besoin de 24 heures pour libérer les corps ?

Malgré les promesses du propriétaire du chantier, il est malheureusement probable que cette mère de famille aie raison. Un avocat de Chittagong a été interrogé.

Si une plainte est portée à la suite d’un accident de ce type, le tribunal doit certes selon la loi ordonner la compensation des victimes par l’employeur. Mais les procédures sont lentes et difficiles. Dans la plupart des cas, les accidents sont tout simplement cachés et personne n’en sait rien.

Il serait tentant de croire que MAK doit regretter que du fait qu’il s’agisse d’une explosion, ne pas révéler la catastrophe n’est pas une solution envisageable...

Le nombre d’articles dans la presse nationale révèle l’exaspération de l’opinion publique quant à ces scandales à répétition. Cela a fait réagir le gouvernement. Le ministre du commerce Faruk Khan s’est par exemple exprimé sur le sujet dès le jour de la catastrophe.

La protection de l’environnement est maintenant un problème global. Nous devons maintenir l’équilibre entre conservation de l’environnement et développement économique. Nous devons mettre en place des chantiers de démantèlement qui soient neutres pour l’environnement et sûrs pour les travailleurs.

Malheureusement, fort à parier que ce ne soient que des déclarations à chaud qui ne seront pas suivies d’actions. Le lendemain du drame, des journalistes du Daily Star visitaient un chantier et voyaient les ouvriers porter à mains nues de lourdes pièces de métal, les pieds nus…. La preuve que malgré toutes les déclarations passées, les mesures les plus élémentaires de sécurité et de protection de l’environnement sont le cadet des soucis des entrepreneurs de la filière.

Pour en savoir plus, thedailystar.net/2, thedailystar.net/3 et thedailystar.net/4

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