Apprendre à vivre sans eau courante

Que faire lorsqu’on vous annonce que l’eau est coupée et qu’il faudra au moins trois mois pour que le service soit rétabli ? Des dizaines de milliers d’habitants de La Paz sont confrontés à cette pénible réalité depuis les pluies diluviennes et les glissements de terrain …

Par GVadmin Modifié le 13 juillet 2012 à 14 h 49
La Paz, Bolivie

Que faire lorsqu’on vous annonce que l’eau est coupée et qu’il faudra au moins trois mois pour que le service soit rétabli ? Des dizaines de milliers d’habitants de La Paz sont confrontés à cette pénible réalité depuis les pluies diluviennes et les glissements de terrain qui ont ravagé la capitale bolivienne en ce début d’année.

Gorgé d’eau et fragilisé par les précipitations inhabituelles des dernières semaines, le sol de nombreux quartiers pauvres construits sur les pentes abruptes de la ville n’a pas résisté, entraînant avec lui plusieurs centaines d’habitations. Plus de 6 000 personnes ont tout perdu du jour au lendemain, tandis que près de 80 000 autres doivent faire face à des restrictions du service d’approvisionnement en eau potable.

Les coulées de boue ont emporté une grande partie des canalisations, et les sols ne sont toujours pas assez stables pour envisager une réhabilitation durable du réseau de distribution.

Des solutions provisoires sont donc mises en œuvre, et les camions-citernes constituent actuellement l’unique source d’approvisionnement dans 41 quartiers de la capitale.

EPSAS, l’entreprise distributrice d’eau potable, vient d’annoncer qu’il faudrait attendre entre trois et six mois pour que le service soit rétabli : une nouvelle que les habitants des quartiers sinistrés ont bien du mal à accepter. Pourtant, malgré leurs protestations, rien ne laisse présager d’un retour à la normale anticipé.

À La Paz, il faudra donc apprendre à vivre sans eau au cours des prochaines semaines. Peu à peu, la vie se réorganise tant bien que mal, rythmée par le ballet irrégulier des camions-citernes.

Elisabeth a dû enseigner à son fils à faire sa toilette avec un petit récipient et à se laver le corps partie par partie, puis à recycler l’eau utilisée afin de remplir la chasse d’eau. Chaque matin, les habitants des quartiers privés d’eau potable emmènent avec eux quelques bouteilles vides lorsqu’ils partent au travail, afin de les remplir au bureau ou sur le chemin du retour. Des citernes sont installées en urgence dans les établissements de santé pour pouvoir maintenir les services essentiels au sein des zones touchées.

Cecilia, mère de famille elle aussi, explique que la traditionnelle soupe a disparu du menu, tandis que des montagnes de linge sale envahissent peu à peu son domicile.

Les quelques seaux d’eau distribués grâce aux camions-citernes ne sont pas suffisants pour couvrir les besoins de base des familles privées d’eau potable, qui essayent par tous les moyens de récupérer un peu d’eau de pluie pour compléter leur approvisionnement.

La véritable solution au problème, les autorités de la capitale bolivienne la connaissent bien, mais manquent de moyens pour l’appliquer : elle consiste à mettre en œuvre une politique de développement urbain durable et à cesser de construire (et reconstruire) sur les pentes de la ville, dont l’instabilité chronique des sols est connue depuis toujours.

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