La crise nucléaire japonaise pourrait booster les énergies renouvelables

“Le nucléaire est une des énergies les plus sûres. Mais en plus d’être sûres, les centrales doivent être perçues comme telles par la population. Là est le défi.” L’Inde a déjà entamé l’audit de ses centrales mais les opposants réclament un virage vers les énergies renouvelables …

Par GVadmin Modifié le 16 juillet 2012 à 16 h 01

Suite des réactions asiatiques à l’accident nucléaire japonais. L’Inde a déjà entamé l’audit de ses centrales en fonctionnement annoncé le 14 mars. Mais cela ne fait pas taire les opposants au nucléaire qui en ont contre la centrale de Tarapur, d’une technologie similaire à celle de Fukushima, et le projet EPR de Jaitapur, pas mature selon eux. Ils réclament un virage vers les énergies renouvelables.

Liste des centrales nucléaires en Inde

C’est les hasards du calendrier. Alors que toute l’Asie suit avec crainte l’évolution à Fukushima, l’Inde se prépare à l’organisation d’un sommet sur l’énergie éolienne. Du 7 au 9 avril, 1 000 participants du monde entier vont débattre de l’avenir de la filière.

Un thème va être central : l’éolien est propre, mais surtout, il est sûr! Les industriels indiens du secteur ont déjà annoncé une revendication pour privilégier l’éolien : la baisse des taux d’intérêts pour les projets d’énergie renouvelable. G M Pillai, organisateur de la conférence et directeur général de l’institut mondial des énergies durables (WISE : World Institute of Sustainable Energy) explique :

Nous connaissons les dangers du nucléaire. Des pays comme l’Allemagne ont retardé les mesures de prolongement de vie de leurs centrales. En Inde, on a besoin de taux d’intérêts plus bas pour développer les énergies renouvelables et se passer ainsi du nucléaire.

Pillai sera certainement approuvé par les opposants au nucléaire de tous  bords qui font entendre leur voix. Une ONG indienne influente a ajouté sa voix au concert des opposants. Selon les ‘docteurs indiens pour la paix et le développement’ (IDPD), les déclarations des lobbyistes du nucléaire selon lesquelles les centrales indiennes sont situées en dehors des zones sismiques sont injustifiées. De plus, la menace sismique n’est pas la seule : terrorisme, erreur humaine ou technologique sont aussi des risques importants. Selon l’IDPD, plus de 300 incidents sérieux auraient déjà touché les installations indiennes. Autre argument des opposants repris par l’IDPD, la dernière centrale en construction à Jaitapur serait dangereuse. Cette unité, construite par Areva, sera la centrale la plus puissante au monde. Mais la technologie EPR, qui est victime de retards en France comme en Finlande, n’aurait selon l’IDPD pas été suffisamment testée.

En réponse aux opposants, le président de la commission à l’énergie atomique indienne Kirit S Parikh, a déclaré que la perception du risque nucléaire est déformée. Selon lui, pendant les 50 dernières années, les victimes d’accidents nucléaires sont bien moins nombreuses que celles d’accidents ayant touché des centrales au charbon.

La réalité c’est que toutes les installations énergétiques comportent des risques. Le nucléaire est une des énergies les plus sûres. Mais en outre d’être sûres, les centrales doivent être perçues comme telles par la population, et c’est là qu’est le défi.

Et pas sûr que ce soit le cas. Car le grand audit des installations nucléaires indiennes décidé dès le 14 mars par le premier ministre Manmohan Singh ne semble pas calmer les esprits. L’audit a cependant déjà commencé le 17 mars par les installations de Kalpakkam, (voir aussi l'article du Times of India).

Une des inquiétudes principales de la population vient du fait que la plus puissante installation en fonctionnement, celle de Tarapur, utilise une technologie similaire à celle de la centrale japonaise de Fukushima : il s’agit de réacteurs à eau bouillante. (voir l'article du Business Standard). Et, autre hasard du calendrier, c’est justement maintenant que les responsables de cette centrale ont soumis leur demande de renouvellement de licence d’exploitation. En Inde, les installations nucléaires doivent renouveler cette licence tous les 5 ans. L’échéance approche pour les 4 unités de Tarapur (I (160 Mw), II (160 Mw), III (540 Mw) and IV (440 Mw)).

Contrairement à celles de Fukushima, les installations de Tarapur seraient selon R K Gargey, directeur de la centrale, totalement sûres.

Nous avons un système de sécurité extrêmement  sophistiqué, qui a été amélioré après les catastrophes de Three miles Island et de Tchernobyl. D’autre part, Tarapur est sur la côte occidentale, près de la mer d’Arabie, moins sujette aux tremblements de terre et aux tsunamis que les côtes japonaises.

Ces déclarations du 17 mars ont été précédées la veille par des assurances similaires venant du chef de l’organe de régulation du nucléaire indien.

L’enjeu des débats sur l’atome qui commence, est énorme. 20 réacteurs sont actuellement en fonctionnement. Dans le cadre de l’accord de coopération sur le nucléaire civil signé avec les Etats-Unis, l’Inde envisage d’en construire 22 supplémentaires. La construction de 6 d’entre eux a déjà commencé. Mais l’avenir, ici comme ailleurs, s’assombrit pour la filière.

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