Les porcs bodybuildés, un risque pour la santé

C’est ainsi que les gens du métier surnomment ces porcs dont la viande n’a presque aucune graisse. A l’occasion de la journée du consommateur, les journalistes de CCTV ont enquêté sur le sujet. Ils ont découvert une filière qui fait courir des risques graves à la santé publique.

Par GVadmin Modifié le 16 juillet 2012 à 16 h 42

C’est ainsi que les gens du métier surnomment ces porcs dont la viande n’a presque aucune graisse. A l’occasion de la journée du consommateur, les journalistes de CCTV ont enquêté sur le sujet. Ils ont découvert une filière qui fait courir des risques graves à la santé publique.

© Simone van den Berg

Ils ne font pourtant pas de musculation, mais ils ont des physiques d’athlètes. Les cochons qui se vendent sur les marchés chinois sont de plus en plus secs. C’est ce qui plait à des consommateurs qui se soucient de leur tour de taille et de leur santé. Malheureusement pour eux, acheter sans graisse c’est peut être courir un risque autrement grave que de prendre quelques kilos.

Les journalistes sont remontés d’un marché de viande de Nankin vers un abattoir de la même municipalité. Quand ils demandent pourquoi les bêtes sont si musclées, on leur répond : ça vient de leur alimentation. Mais pour savoir précisément de quoi il s’agit, il faut aller vers les élevages. L’équipe s’est alors rendue dans une exploitation située à Mengzhou, dans la province du Henan.

Les éleveurs ne s’en cachent pas, ils ajoutent dans les aliments un ‘médicament’. Ce qu’ils appellent ainsi permet selon leurs propres termes, de rendre ces porcs beaux comme des hommes qui font du culturisme. Et surtout de les vendre pour un bien meilleur prix. Mais quand on leur demande de quoi est composé le ‘médicament’, ils deviennent muets.

On sait pas, on n’est pas de chimistes nous, on sait pas faire des analyses ! C’est une poudre blanche, comme de la farine, ne me demandez pas ce qu’il y a dedans ! Ce que je sais c’est qu’il ne faut pas en mettre trop ! 120 grammes dans 500 kilos d’alimentation animale. Un peu trop et les cochons, ils meurent !

Ce ‘médicament miracle’, c’est une poudre contenant notamment du clenbuterol, une substance interdite en Chine dans l’alimentation animale, et ce depuis 2002. La science a prouvé que la consommation par l’homme de viande contenant du clenbuterol pouvait conduire à des symptômes graves, pouvant causer la mort et le développement de cancers.

La pratique est interdite, mais elle semble en vogue dans la plupart des exploitations. Le problème vient des autorités qui ne contrôlent pas comme elles le devraient et le pourraient. Un test d’urine permet en effet de détecter le clenbuterol. Mais il suffit aux éleveurs de donner un billet aux contrôleurs pour qu’ils fassent le test sur une bouteille d’urine préparée à l’avance,

au cas où un contrôleur vient, ce qui ne se passe pas tous les 4 matins ! Je leur souhaite bien du plaisir pour trouver quelque chose dans l’urine qu’on leur donne, elle est propre comme de l’eau de roche !

Une éleveuse trouve la situation follement amusante. On se demande comment le journaliste, avec sa caméra cachée, réussit à autant délier les langues… Et les pratiques illégales passent à travers les contrôles prévus aux étapes du transport, de l’abattage et de la vente, de manière similaire à ceux mis en place au niveau de l’élevage… Avec des épisodes qui rendent le téléspectateur à proprement parler fou de rage… Le plus étonnant est un conducteur qui envoie les cochons vers l’abattoir.

On met un billet de 100 yuans sur la table des inspecteurs et ils nous laissent passer. Mais un jour je n’avais pas de monnaie. Ils ont insisté pour inspecter. J’ai quand même réussi à leur passer une bouteille de ma propre urine. Depuis, comme je sais que ça peut arriver, je ne mange plus de viande. Car il paraît qu’ils pourraient trouver le clenbuterol dans mon urine si je mangeais du porc contaminé.

… Épatant…

Les réactions à ce reportage de 40 minutes qui donne une image horrifiante du contrôle sanitaire chinois ont été immédiates et acerbes. Le lendemain, le ministère de l’agriculture déclarait qu’une équipe allait être dépêchée dans les provinces du Henan et du Jiangsu pour combattre les pratiques. Comme si souvent, un reportage accusateur fait réagir les autorités. Et une fois passé l’intérêt des journaux, tout recommence, tranquillement, comme avant…

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