Une loi pour mettre fin au finning

Chaque année, plusieurs tonnes d’ailerons sont prélevées sur les requins des côtes chiliennes, tandis que leurs corps sont jetés à l’eau. Face à la menace que cette pratique représente pour la biodiversité, le Chili s’apprête enfin à légiférer.

Par GVadmin Modifié le 27 juillet 2012 à 16 h 26

Chaque année, plusieurs tonnes d’ailerons sont prélevées sur les requins des côtes chiliennes, tandis que leurs corps sont rejetés à l’eau. Face à la menace que cette pratique représente pour la biodiversité, le Chili s’apprête enfin à légiférer pour arrêter le massacre.

Les ailerons de requins: un plat qui vaut son pesant d'or... et de sang. © NOAA (Wikimédia Commons)

Prédateur victime de prédations

Si l'on vous dit 'requin', vous vous imaginez certainement un de ces mastodontes aux multiples rangées de dents, aux aguets dans les récifs de corail des mers tropicales. On ne rencontre pourtant qu’une trentaine d’espèces de requins dans les Caraïbes, alors que les eaux froides du littoral chilien en hébergent 53, attirées par l’extrême richesse des écosystèmes du Pacifique Sud.

Dans ces conditions, on conçoit difficilement que le Chili demeure, avec le Venezuela, le seul pays d’Amérique du Sud où le finning est autorisé. Cette pratique de pêche barbare consiste à capturer des requins pour leur couper les ailerons, puis à rejeter immédiatement leurs corps à la mer, où ils meurent vidés de leur sang.

Un luxe coûteux pour les requins

Considérée comme un mets raffiné en Asie, la soupe aux ailerons de requin figure aux menus des fêtes les plus importantes en Chine, à Taïwan, en Thaïlande, en Malaisie, au Vietnam ou encore à Hong Kong, où ce plat de luxe est vendu entre 100 et 200 dollars.

Ces prix rendent la pratique du finning extrêmement lucrative pour les pêcheurs des pays en développement, qui préfèrent ne pas encombrer leurs embarcations avec les corps des requins, trop peu rentables.

Plus de requin: toute la mer paye la note

Selon le Service National des Douanes, plus de 71 tonnes d’ailerons de requins appartenant à huit espèces différentes ont été exportées par le Chili entre 2006 et 2009. Face à l’urgence, le Sénat étudie une réglementation qui devrait voir le jour avant la fin du mois de mai, obligeant les pêcheurs à ne ramener que des requins entiers. L’objectif affiché est la préservation de la biodiversité, afin de rendre possible l'exploitation durable des ressources de la mer.

Comme l’explique Rodrigo Vega, consultant spécialisé dans la pêche des requins, ceux-ci jouent un rôle clé dans les chaînes trophiques marines :

Ce sont les plus grand prédateurs du système, si bien que s’ils disparaissent, les populations des espèces situées plus bas dans la chaîne augmentent sans aucun contrôle.

Combien de victimes ?

Selon lui, il est prouvé que le finning a déjà provoqué des déséquilibres dans plusieurs régions du monde, notamment en Asie, où certaines espèces de requins ont d’ores et déjà disparu.

On estime que 73 millions d’individus sont massacrés chaque année, dans le seul but de récupérer leurs ailerons. Des pratiques lourdes de conséquences pour les populations de requins, dont 30% sont menacées ou quasi menacées d’extinction, selon les chiffres de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Par ailleurs, les processus migratoires des requins compliquent les travaux de comptage, si bien qu’on ne dispose pas de suffisamment d’information pour connaître la situation de 40% des populations.

Aucun commentaire à «Une loi pour mettre fin au finning»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.