L’endosulfan, le pesticide des pauvres, enfin interdit?

La décision du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) de retirer du marché l’Endosulfan va-t-elle permettre de voir enfin disparaître l’un des traitements chimiques les plus dangereux pour la santé humaine?

Par GVadmin Modifié le 2 août 2012 à 15 h 51

La décision du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) de retirer du marché l’Endosulfan va-t-elle permettre de voir enfin disparaître l’un des traitements chimiques les plus dangereux pour la santé humaine, encore largement utilisé en Argentine et dans les pays en développement ?

L'endosulfan, fertilisant abordable... car c'est la santé qui paye. © NEUROtiker

Un poison qui s’accumule

Céréales, fourrages, fleurs, légumes, oléagineux, tabac, canne à sucre, café, coton… la liste des cultures traitées à l’endosulfan n’en finit plus. Pourtant, cette substance ne s’en prend pas qu’aux insectes et aux parasites nuisibles : les travailleurs chargés de son application et les communautés rurales qui vivent à proximités des surfaces traitées souffrent de graves problèmes de santé. L’endosulfan est notamment accusé d’affecter l’équilibre hormonal (c’est un perturbateur endocrinien), et de s’en prendre au système nerveux et au système immunitaire.

Son prix attractif fait de lui l’un des pesticides les plus utilisés au monde. Alors que l’Argentine en utilisait 2 millions de tonnes en 1999, les ventes ont explosé pour atteindre 4,2 millions de tonnes en 2006, principalement pour les cultures de soja transgénique, où il aide à lutter contre une vingtaine de parasites.

Il est en revanche interdit dans plus de 75 pays, et l’Union européenne réclame depuis plusieurs années son inclusion dans la liste des polluants organiques persistants (POP), caractérisés par leur toxicité élevée et leur dégradation difficile. Ces substances s’accumulent dans les tissus adipeux et les chaînes alimentaires, voyageant ainsi sur de grandes distances.

Les représentants des 127 pays réunis à Genève ont finalement décidé d’accéder à cette requête, et l’endosulfan fait désormais partie des produits interdits, pour lesquels il est nécessaire de trouver des alternatives.

Des produits de moins en moins efficaces

L’Inde s’est montré clairement hostile à l’abandon de ce pesticide, tandis que plusieurs pays d’Amérique du Sud comme le Pérou, le Chili et l’Argentine ont réclamé de leur côté un soutien technique et financier pour effectuer la transition.

Encouragés par leur gouvernement, les fabricants de pesticides argentins ont annoncé qu’ils se conformeraient aux recommandations de la conférence de Genève. Une décision qui ne surprend pas Javier Souza, ingénieur agronome au Centre d’Études des Technologies Appropriées d’Argentine (CETAAR). Selon lui, l’endosulfan se révèle de moins en moins efficace, contraignant les producteurs à augmenter les doses et donc les risques liés à la toxicité aigüe du produit.

Les méthodes naturelles, l’unique alternative

Malheureusement, les substituts utilisés à la place des POP se révèlent souvent tout aussi problématiques que les produits qu'ils remplacent. C’est le cas par exemple de la sulfuramide, introduite il y a quatre ans, dont on recommande aujourd’hui l’interdiction.

À long terme, seul le développement de systèmes de production ne reposant pas sur des produits chimiques peut offrir une solution durable, estime Javier Souza.

Le Réseau d’Action Pesticides et Alternatives Latino-Américain (RAP-AL) signale par exemple que la préservation de la biodiversité et de l’habitat des insectes capables d’agir comme des pesticides naturels, associée à des méthodes de fertilisation naturelle, permet d’accroître la résistance des cultures aux parasites.

Dans ce contexte, les décisions prises à Genève apparaissent comme les prémices d’un engagement mondial en faveur d’une agriculture plus écologique et surtout plus respectueuse de la santé des populations rurales.

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