La centrale de Xayaburi fait des remous

Le Laos est avide d’exploiter son potentiel hydroélectrique pour sortir de la pauvreté. Les projets sur le Mékong se multiplient, mais cela ne plaît pas forcément à tous ses voisins. Une nouvelle illustration avec le dossier de Xayaburi qui fait des remous.

Par GVadmin Modifié le 31 juillet 2012 à 15 h 25

Le Laos est avide d’exploiter son potentiel hydroélectrique pour sortir de la pauvreté. Les projets sur le Mékong se multiplient, mais cela ne plaît pas forcément à tous ses voisins. Une nouvelle illustration avec le dossier de Xayaburi qui fait des remous.

La gestion du Mékong est une source de conflit entre tous les pays riverains, en particulier sur le partage des eaux. © Tuomas Leinonen

Mécomptes d'un barrage du Mékong

La problématique de gestion des eaux du Mékong, dont le lit passe par la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam, est complexe. La commission du Mékong (MRC - Mékong River Commissions) a été créée dans le but de gérer ce cours d’eau dans un esprit de développement durable et de prise en compte des besoins des 4 pays impliqués. Mais ce n’est pas facile, comme l’illustre à nouveau le projet Xayaburi, dont la construction est prévue à 80 kilomètres de Luang Prabang.

La MRC a récemment ajourné sa décision quand à la construction de la centrale hydroélectrique. C’est le Vietnam qui se montre le plus critique envers le projet. Le Cambodge est aussi du côté des opposants. Raison de leur opposition : l’audit environnemental n’a pas été communiqué, et les autorités nationales s’inquiètent des conséquences que ce nouveau barrage pourrait avoir sur l’environnement.

Un barrage écologique ?

Il faut dire que les deux pays sont dans la partie la plus avale du fleuve. Ainsi, ils s’inquiètent légitimement de l’impact que pourrait avoir une centrale sur la faune aquatique, qui est une source de revenus importante pour les populations locales.

En face, le Laos et la Thaïlande. L’ancienne colonie française estime qu’aucune consultation supplémentaire n’est nécessaire. Arguments :

  • le projet prendra la forme d’une centrale au fil de l’eau. Ce type de construction ne nécessitant pas de barrage, a donc très peu d’impact sur les populations et moins de conséquences néfastes sur la faune
  • si le projet était une menace pour l’environnement, il ne serait pas soutenu par la banque asiatique de développement

Problème du second argument, la banque ne déclare pas s’être engagée sur le projet, au contraire de son engagement acclamé aux côté du Laos à Nam Theun 2.

Conflit en perspective

La Thaïlande soutient de son côté le projet, car c’est son industrie qui est en jeu. Karnchang, grosse société de travaux publics, devrait réaliser 80% des travaux. Et EGAT, l’EDF Thaï, devrait acheter 95% environ de l’électricité produite à Xayaburi. Difficile de renoncer à un double intérêt économique…

Le conflit sera dur à résoudre. Reste à voir si des pays fortement opposés par ailleurs (rappelons que la Thaïlande et le Cambodge sont en guerre au sujet du temple de Preah Vihear et des 4,6 km2 de terrains alentour) sauront se mettre d’accord pour un sujet qui relève du développement responsable de la région.

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