Bénévole à Sendai, région particulièrement touchée par le tsunami japonais

Depuis la catastrophe de mars dernier, les Japonais travaillent d’arrache-pied pour venir en aide aux populations locales. C’est notamment le cas de Yuriko Matsumoto, une Japonaise de 33 ans, employée par l’organisation humanitaire Rocinantes à Miyagi, au nord-est du pays.

Par GVadmin Modifié le 2 août 2012 à 12 h 01

Depuis le séisme et le tsunami dévastateurs de mars dernier, les Japonais travaillent d’arrache-pied pour venir en aide aux populations locales. C’est notamment le cas de Yuriko Matsumoto, une Japonaise de 33 ans, employée par l’organisation humanitaire Rocinantes à Miyagi, au nord-est du pays.

Yuriko Matsumoto au milieu des ravages du tsunami à Miyagi © Yuriko Matsumoto 2011

Green et Vert : Peux-tu nous présenter l’association pour laquelle tu travailles ?

Yuriko Matsumoto : Je travaille pour l’ONG Rocinantes qui a décidé de s’implanter à Miyagi, au Japon, juste après le tsunami. Rocinantes est dirigé d’une main de fer par le Dr. Kawahara, qui travaille habituellement au Soudan et qui se trouvait au Japon lorsque le tremblement de terre a frappé le pays. L’ONG emploie du personnel sur place et fait appel à une vingtaine de bénévoles. Tous sont logés dans un temple qui nous sert également de bureau. Les équipes de bénévoles sont encadrées par des employés, leur mission principale est de nettoyer les décombres.

En collaboration avec les autorités locales, les bénévoles de Rocinantes travaillent dans la zone très fortement touchée par le tsunami et nettoient les maisons qui seront peut-être à nouveau habitées un jour s’ils arrivent à tout déblayer.

Le nettoyage des maisons est un travail de longue haleine. © Yuriko Matsumoto 2011

G&V : Quelles sont tes tâches au quotidien?
Y.M. : Ma mission est triple :

- Je coordonne les groupes de bénévoles et les affecte sur les sites en fonction de leurs compétences et leur montre la marche à suivre.

- J’aide à l’organisation des activités mises en place dans les centres d’hébergements. Et notamment auprès d’enfants atteints de troubles mentaux.

- Chaque jour, je participe à l’évacuation des débris et de la boue qui se trouvent dans les maisons.

Le recyclage des débris n'est pas encore à l'ordre du jour, en premier, il faut identifier ce qui peut être réutilisé. © Yuriko Matsumoto 2011

G&V : Que faites-vous des objets que vous trouvez dans les maisons ? Est-ce que vous recyclez certains débris ?

Y.M. :Nous demandons aux propriétaires s’ils veulent jeter ou garder les objets récupérés. Mais en général, l’eau de mer et la boue font beaucoup de dégâts, la plupart des objets ne sont pas réutilisables. Quant au recyclage, nous n’en sommes pas là ! Les déchets sont donc empilés avec le reste des débris.

Les habitants rescapés ont été regroupés dans des endroits salubres où ils reçoivent des formations pour contribuer au nettoyage. © Yuriko Matsumoto 2011

G&V : Comment vous protégez-vous des particules potentiellement dangereuses (émanations, déchets que vous manipulez, eau contaminée) ?

Y.M. : Nous portons des bottes épaisses, des casques, des gants, des masques et des lunettes de protection pour réduire les risques au minimum. Tous les matins, nous faisons également une petite formation avant de commencer les activités. Nous expliquons comment manipuler les objets, quels sont les endroits où se réfugier si un autre tremblement de terre se produit, et quelle est l'attitude à adopter avec les victimes du tsunami.

Dans la région de Sendai, des montagnes de débris et de boue recouvrent encore les zones sinistrées. © Yuriko Matsumoto 2011

G&V : Tu travailles à Miyagi, dans la région de Sendai où le tsunami a été le plus meurtrier. Quelle est la situation ?

Y.M. : Pour les personnes qui ont perdu leur famille ou leurs amis, le traumatisme est encore très présent, même deux mois après le tsunami. Certains d’entre eux cherchent encore leur famille parmi les décombres. Les centres d’hébergements sont désormais bien approvisionnés en nourriture et en produits de base mais les gens sont de plus en plus angoissés et stressés.

L’eau s’est retirée mais des montagnes de débris et de boue recouvrent la zone sinistrée.

Lors des deux premières semaines qui ont suivi le tremblement de terre, les températures étaient anormalement basses pour cette période de l’année et nous avons dû faire face à une épidémie de grippe très virulente. Fort heureusement, la situation s’est maintenant améliorée.

© Yuriko Matsumoto 2011

G&V : Est-ce que vous vous sentez soutenus ?

Y.M. : Nous avons reçu des témoignages de sympathie et d’encouragements des quatre coins du monde. De nombreux bénévoles viennent à Miyagi et à Iwate. Nous leur en sommes très reconnaissants.

Pour certains Japonais, la vie a déjà repris mais pour les autres, la reconstruction s'avère encore longue. © Yuriko Matsumoto 2011

G&V : Deux mois après la catastrophe, quel est l’état d’esprit des Japonais que tu côtoies ?

Y.M. :Pour les personnes des zones non-sinistrées, la vie a repris son cours. Ils parlent de temps en temps de la catastrophe mais ils oublient progressivement. Pour les personnes qui ont été directement touchées par le tsunami, certaines personnes essaient de reconstruire leur vie mais d’autres restent encore très affectées. Certains enfants ont des problèmes psychologiques, mais de manière générale la vie continue…

Une fois, les maisons nettoyées, la vie pourra - peut-être - reprendre... normalement. © Yuriko Matsumoto 2011

G&V : Qu’attends-tu de ta mission ?

Y.M. : Mon travail avec Rocinantes prend fin au mois de juillet. J’espère que de nombreuses personnes pourront retrouver une maison propre et qu’elles reprendront une vie normale. En tant que Japonaise, je pense que nous ne devons jamais oublier cette catastrophe et les gens qui sont encore en difficultés. Si petites que soient les actions, nous devons agir pour remettre sur pied notre pays et notre peuple.

[Propos recueillis par Emmanuelle Hingant]

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