A l’intérieur de la réserve mondiale de semences

Sur l’île oubliée de Svalbard, Bill Gates investit des dizaines de ses millions avec la Fondation Rockefeller, Monsanto Corporation, Syngenta Foundation et le gouvernement de Norvège, entre autres, dans ce qui est appelé la « réserve de semences du jugement dernier ». Officiellement, le projet est appelé Svalbard Global Seed Vault…

Par GVadmin Modifié le 17 août 2012 à 15 h 40
Jour 6 : Mathilde visite le conservatoire mondial de semences.
Outre la découverte de l'archipel, la deuxième raison de notre venue à Svalbard est le « Global seed Vault », le conservatoire mondial de semences. Cette réserve incroyable a ouvert en 2008, à l'issue d'une concertation de l'ensemble de la communauté internationale sur ce projet, afin de protéger la biodiversité.
Construite directement dans le permafrost (terre gelée en permanence), cette banque de graines s'enfonce au coeur d'une des montagnes voisines de Longyearbyen, et peut renfermer 4,5 millions de sortes de semences différentes.
Pour éviter les variations de températures, la réserve n'ouvre que 5 à 6 fois par an, à l'arrivée de nouvelles graines. Nous rentrons à l'intérieur en compagnie de Roland Von Bothmer, l'un des deux scientifiques en charge du projet, professeur en génétique et sélection des plantes.
« Ce bruit que vous entendez, c'est le refroidissement, qui se met en route régulièrement. Le permafrost est entre moins - 4 et -5 degrés mais la conservation nécessite un refroidissement à -18 degrés en permanence donc on refroidit artificiellement la réserve. C'est très important pour les semences soit que les températures soient très stables. »
Roland Von Bothmer, scientifique en charge du projet, professeur en génétique et sélection des plantes.
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Le pré-traitement des graines acheminées est lui-aussi capital : les semences doivent être asséchées et contenir le moins d'eau possible. Puis, elles sont placées dans des sacs à semence scellés, mises sous vides et installées dès leur sortie de l'avion ici, dans le congélateur géant de Svalbard.
La porte passée, nous entrons dans un tunnel de 100 mètres de long, qui donne sur trois chambres froides. L'une est opérationnelle mais les deux autres sont vides. Pour l'instant, près de 450 000 types de semences ont été entreposés, en provenance de 22 pays différents.
« Les semences nous viennent de banques de graines qui existent déjà, en Afrique, en Asie, en Europe ou en Amérique, précise Roland Von Bothmer. Les graines sont mises dans des boites puis dans des conteneurs et elles transitent par Oslo avant d'arriver ici. Moi ou mon collègue, nous les plaçons dans la réserve et nous enregistrons toutes les informations nécessaires sur une immense banque de données. Pour chaque variété, nous avons 500 exemples de semences identiques. Mais il y a malheureusement plein de choses que nous ne pouvons pas conserver dans des banques de graines, de nombreux fruits par exemple, car nous devons les conserver vivants... Beaucoup de produits des tropiques ne peuvent pas être conservés non plus, comme les noix de cocos ou les bananes. »
Roland Von Bothmer, scientifique en charge du projet, professeur en génétique et sélection des plantes.
Les graines, congelées, vivent encore, mais à faible régime, et peuvent ainsi être conservées pendant des années.

« Ici, on ne fait aucun travail de recherche, et on ne fait rien pousser non plus. C'est un vrai système de sauvegarde, en cas de problème dans les pays d'origine des semences. Par exemple, dans les pays aux moyens économiques limités, il arrive qu'on ne paye pas l'électricité et au bout de quelques années, les semences meurent... En Égypte, on a aussi eu récemment des problèmes d'information et beaucoup de matériel a disparu. S'il arrive une quelconque catastrophe, climatique, ou politique, les banques qui placent leurs graines à Svalbard sauront qu'ici, elles sont protégées. »
Roland Von Bothmer, scientifique en charge du projet, professeur en génétique et sélection des plantes.

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A la découverte de… :

L’archipel de Svalbard est réputé pour sa nature inhospitalière, son climat extrême mais aussi pour la première réserve mondiale de semence. Pendant une semaine, vivez les aventures de Mathilde Goanec, correspondante de Green et Vert au royaume de l’ours polaire.

Retrouvez les autres épisodes ci-dessous :

Épisode 1 : Svalbard, à la limite du Pôle nord. Arrivée dans l'extrême nord norvégien, par avion.

Épisode 2 : Longyaerbyen, une cité idéale? Mathilde découvre la principale ville de Svalbard.

Épisode 3 : Lucie ou la vie polaire. Rencontre avec une étudiante française.

Épisode 4 : Jamais sans mon fusil ! Le port d'arme à feu, une nécessité dans l'archipel.

Épisode 5 : Le charbon, sale… mais indispensable à la survie sur l’île. Mathilde interroge Snore Olaussen, responsable universitaire du CO2 Lab, au sujet du charbon, principale ressource de Svalbard.

Épisode 7 : Un projet mythique, mais controversé. Le conservatoire mondial de semences n’est pas exempt de polémiques.

Épisode 8 : Côté russe. Mathilde termine son périple par une visite du village russe de Barentsburg.

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