Retard à l’allumage pour la plus grande centrale solaire d’Asie

La centrale photovoltaïque de Shilin devait fournir une puissance de 166MW fin 2010. Mais on en est toujours aux 20MW de la tranche expérimentale, à cause notamment d’une une sous-estimation des coûts.

Par GVadmin Modifié le 23 août 2012 à 16 h 38

La centrale photovoltaïque de Shilin devait fournir une puissance de 166MW fin 2010. On en est toujours aux 20MW de la tranche expérimentale. Raisons du problème : une sous-estimation des coûts et le non respect des engagements pris par les pouvoirs publics.

La forêt de pierre de Shilin.
Même sans centrale solaire, Shilin restera célèbre à jamais grâce à sa fameuse forêt de pierres. © Sebastian Böll

Ce devait être la plus grande centrale photovoltaïque (PV) de toute l’Asie. En juin dernier, l’ouverture de la première tranche de 20MW était relayée par la presse chinoise comme une nouvelle fierté pour le pays. Mais un journaliste curieux de savoir pourquoi on n’entendait plus parler du sujet s’est rendu sur le site. Résultat : on fait du surplace.

Les promoteurs du projet avaient basé leurs calculs sur un coût de production de 1,5 yuan par kWh. Ils en sont aujourd’hui au double : 3 yuans par kWh. Certes, le coût devrait de nouveau baisser avec l’augmentation de la puissance installée, mais on n’arrivera pas aux résultats escomptés. On parle désormais d'un objectif de 2 yuans par kWh lorsque les 166MW seront en service.

Autre grand souci : les subventions promises par les gouvernements central et local. Madame Wen, vice présidente de Yunnan Power, société en charge du projet, nous explique la situation :

Lors des discussions avec les autorités, le gouvernement central s’était engagé sur une certaine subvention par kWh. Nous avions obtenu du gouvernement provincial du Yunnan qu’il règle ce qu’il restait entre la subvention nationale et le déficit à combler pour nous. Mais à part quelques aides de lancement, on n’a toujours rien…

Les fonds nationaux seraient ainsi bloqués dans les caisses des instances provinciales à l'heure actuelle. Lesquelles se refusent de les libérer sous prétexte que la construction du projet aurait commencé avant l’obtention de tous les permis nécessaires.

Un pot de vin, et c'est reparti?

Les Chinois, trop habitués à ce genre d’histoire, ne peuvent pas s’empêcher de penser que certains fonctionnaires conditionnent la libération de ces fonds à un pot de vin de la part du développeur, qui en discuterait le prix… Et que la divulgation de la situation dans la presse ne serait qu’un vulgaire moyen de pression dans ces négociations.

Quoiqu’il en soit, l’avenir du projet est maintenant clairement menacé. Ce qui est fort dommage, car l’ensoleillement du lieu en fait un endroit idéal pour lancer la production à grande échelle du solaire PV en Chine. Mais Madame Wen est catégorique. Si les subventions n’arrivent pas très vite, les tranches supplémentaires ne seront pas réalisées.

Aujourd’hui, l’électricité qui nous est achetée par le distributeur est réglée 0,33 yuans par kWh. Même si on développait les 146 MW prévus, on serait toujours à un coût de production de 2 yuans, au mieux. C'est-à-dire que pour chaque kWh vendu, on perdrait 1,67 yuans. Dans ces conditions, l’investisseur ne mettra jamais l’argent sur la table pour développer les prochaines tranches. Il pourrait même se poser la question de fermer les 20MW déjà en fonctionnement.

1 commentaire on «Retard à l’allumage pour la plus grande centrale solaire d’Asie»

  • Gageons que le Yunnan finira par débloquer les fonds prévus grâce aux négociations qui finiront par être soulevées suite à ce battage médiatique !

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