Un milliard de dollars et 30 ans pour nettoyer les dégâts du pétrole

Un nouveau rapport accablant du Programme des Nations unies sur l’Environnement a été présenté le 4 août. Un million de Nigérians du Delta du Niger vivent dans un écosystème intensément pollué par les hydrocarbures depuis 50 ans.

Par GVadmin Modifié le 5 juin 2013 à 11 h 47
Dégâts du pétrole au Nigéria. © Sosialistisk Ungdom (SU) (Flickr.com)

Un nouveau rapport accablant du Programme des Nations unies sur l’Environnement (PNUE) a été présenté le 4 août. Un million de Nigérians du Delta du Niger vivent dans un écosystème intensément pollué par les hydrocarbures depuis 50 ans. Mais va-t-on vraiment arrêter les dégâts et arrêter l’exploitation ?

Le Comité sur l’étude environnementale et de nettoyage de l’Ogoniland, dans le sud-est nigérian, a enquêté pendant 18 mois. 200 endroits ont été analysés, 122 kilomètres de pipelines ont été examinés et 5000 rapports médicaux ont été relus. 23 000 personnes ont pu témoigner lors de rassemblements. 4000 échantillons d’eau, d’air et de sol ont été prélevés.

Et les résultats qui en découlent montrent que la région baigne littéralement dans les résidus d’hydrocarbures. Elle devrait donc être inhabitée. Pourtant, près d’un million de personnes y vivent.

Les Ogonis, victimes de leur pétrole

Les dégradations environnementales du territoire du peuple autochtone Ogoni sont provoquées par l’exploitation, légale et illégale, du pétrole. Le rapport du PNUE explique que certains endroits qui semblent épargnés en apparence  sont en fait gravement contaminés sous terre.

L’eau que boivent les Ogonis contient trop d’hydrocarbures. Dans l’ouest de la région, 900 fois le taux autorisé par l’OMS.  L’Ogoniland deviendrait le plus grand projet de restauration environnementale de l’histoire si l’eau de boisson, le sol, les bords du fleuve, et d’importants écosystèmes comme les mangroves devaient être ramenés à leur état originel. Il faudrait une trentaine d’années pour tout nettoyer en profondeur.

Mais pour le président de Shell Petroleum Development Company, Mutiu Sunmonu, les compagnies pétrolières ne sont pas seules responsables des dégâts :

Le gouvernement a aussi la responsabilité d’arrêter le raffinage illégal et les vols de pétrole. Ils appauvrissent la population et sont la cause principale des dommages. Nous n’avons pas exploité de pétrole d’Ogoniland depuis 1993 et nous avons l’habitude de nettoyer nos sites.

De graves conséquences

Pourtant, le rapport parle d’une couche de pétrole raffiné de 8 cm d’épaisseur qui flotte sur la nappe phréatique. Elle daterait de 2005. Car les procédures habituelles de contrôle et de maintenance des autorités du Nigéria et de Shell n’ont pas été systématiquement appliquées en Ogoniland.

Les mangroves, qui abritent la reproduction des poissons, sont désormais sans feuilles et leurs racines trempent dans un centimètre de bitume. Les élevages de poissons du delta ont du fermer. Les incendies dus aux fuites détruisent la végétation et créent des croûtes de cendres et de goudron sur le sol. Lesquelles empêchent la repousse, parfois pendant des décennies.

Il faudrait avant tout stopper les sources de pollution avant de commencer à nettoyer, ce qui n’est pas le plus facile. La population a aussi besoin d’une expertise, d’une technologie moderne et d’une intensification des contrôles et de la régulation. Il est temps d’avoir une vraie collaboration entre les Ogonis, le gouvernement et les compagnies pétrolières.

Qui va payer les pots cassés?

Au sujet des compensations financières, Mutiu Sunmonu déclare, à propos des activités de Shell :

Nous acceptons toutes les responsabilités qui découlent de problèmes opérationnels et nous paierons des compensations, comme pour les deux fuites de 2008 dans la zone de Bodo. Et même si dans la grande majorité des cas, les fuites sont liées à des sabotages ou à des vols, nous assumons le nettoyage.

Le président nigérian Goodluck Jonathan a d’ores et déjà demandé l’aide de l’ONU. Il a rappelé que le Nigéria a toujours répondu présent dans les opérations de maintien de la paix dans le monde. Le pays espère donc recevoir toute l’aide dont il a besoin.  Toutefois, il compte bien aussi parlementer avec Shell et les autres compagnies.

Le pétrole a été un secteur clé pour la région depuis 50 ans, mais le prix est lourd à payer. Le règlement de cette catastrophe pourrait faire jurisprudence et aider à légiférer de manière responsable envers l’environnement et les populations. Car les zones d’exploitations pétrolières prolifèrent toujours.

allafrica.com

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