Interview–Isabelle Quéhé, fondatrice de l’Ethical Fashion Show

«La mode éthique est une réponse durable aux enjeux du développement durable»

Par GVadmin Modifié le 11 décembre 2012 à 17 h 14

La mode éthique est une réponse durable aux enjeux du développement durable.

Green et Vert: Qu’est-ce que la mode éthique ?

Isabelle Quéhé: Lorsque le salon a été créé en 2004, l’idée était d’encourager une mode équitable et respectueuse de l’environnement. Au niveau social, la mode éthique vise à offrir aux artisans les conditions économiques et sociales minimales fixées par l’Organisation Internationale du Travail. De nombreux créateurs participent au développement économique et social des communautés les plus pauvres de leur pays. Le deuxième aspect touche à l’usage de la matière première. C’est par exemple l’utilisation de coton issu de l’agriculture biologique, de matières biologiques et de matières recyclées. La mode éthique, c’est aussi de garantir une démarche écologique à chaque étape de la production. C’est par exemple l’usage de teintures comportant peu de produits toxiques, l’utilisation de véhicules peu polluants, etc. Enfin, l’objectif est aussi de soutenir la pluralité des savoir-faire. Nous collaborons avec des créateurs issus de plus de 20 pays. La diversité des coutumes et des techniques sont des richesses qu’il est important de pérenniser.

G&V : Cette année, une centaine de créateurs seront présents au salon. Comme faites-vous pour sélectionner les marques et les designers?

I.Q: Lors de la première édition nous avions une vingtaine de créateurs et de marques. A cette époque, la mode éthique n’en était qu’à ses débuts et l’EFS n’était pas encore connu. A force de travail, nous avons gagné en visibilité et crédibilité. Beaucoup de créateurs viennent aujourd’hui vers nous. C’est l’effet boule de neige. Je découvre aussi de nombreux artisans car j’ai la chance d’être invitée à des conférences qui se déroulent aux quatre coins du monde.

G&V : Pour cette 8ème édition, l’innovation est à l’honneur. Quels sont selon vous les fibres ou les textiles du futur ?

I.Q: La rencontre entre les artistes et les scientifiques a permis de créer de nouveaux types de matériaux comme le modal, une fibre extraite de la cellulose de bois, ou le polyester recyclé. Certains designers incorporent des capteurs solaires dans les vêtements. Et pour vieillir les jeans, des grandes marques comme Levis Strauss ou H&M ont abandonné la technique de sablage, qui provoquait la silicose chez les travailleurs, au profit d’une technique au laser (le WattWash). Les avancées sont considérables mais nous pouvons encore aller plus loin.

G&V : Des conférences sur le «Luxe et Solidarités» et le « Luxe et Savoir-faire» se tiendront à l’EFS. Quelle est la place du luxe dans la mode éthique ?

I.Q: Le luxe est étroitement lié à la mode éthique. Il faut savoir que certaines marques de luxe utilisent du coton bio ou des produits recyclés depuis un certain temps déjà, mais communiquent peu ou pas sur ce sujet. D’ailleurs, parler de luxe c’est avant tout parler de qualité, de rareté et de savoir-faire variés. En ce sens, on peut dire que les produits issus de la mode éthique sont des produits haut de gamme. En revanche, la notion de solidarité est très présente dans la mode éthique. Pour preuve, le leader mondial du luxe LVMH, qui participe à la conférence «Luxe et Solidarités», a signé une charte de partenariat en 2010 avec la ville de Montfermeil pour offrir un accompagnement professionnel et culturel aux jeunes de la commune.

G&V : Peut-on s'habiller éthique à des prix abordables ? Ou les créations que vous présentez sont destinées à une clientèle des classes sociales aisées?

I.Q: L’Ethical Fashion Show présente toutes sortes de marques et de créateurs. Du chic au traditionnel, en passant par le streetwear, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Certes, les créateurs éthiques sont plus chers que des marques bas de gamme, car ils proposent des produits de meilleure qualité confectionnés à partir de matières nobles. La bonne nouvelle est que les consommateurs sont de plus en plus exigeants et misent moins sur la quantité. Ils préfèrent des produits de qualité qui durent dans le temps plutôt que des produits bon marché. L’autre bonne nouvelle est qu’avec l’avènement de lignes en coton bio dans des grandes surfaces et l’intérêt grandissant des grandes marques pour la mode éthique, les ventes en volume ont des chances d’augmenter et les prix de diminuer.

G&V : Pensez-vous que votre clientèle achète éthique par effet de mode ou par réelles convictions ?

I.Q: Je pense que la plupart des clients achètent des produits issus de la mode éthique par conviction. Étant éduqués et informés sur les problématiques environnementales et sociales, en s’habillant «éthique» nos consom’acteurs choisissent d’agir à leur niveau pour la planète. La mode éthique est une réponse durable aux enjeux du développement durable.

[Propos recueillis par Sonia Eyaan]

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