Vers une nouvelle cartographie agricole

Les conséquences du changement climatique peuvent amener à une nouvelle distribution des cultures dans la plus grande puissance agricole sud-américaine.

Par GVadmin Modifié le 10 avril 2012 à 10 h 20
Carte du Brésil.

Des bananes poussent là où on cultivait autrefois les pommes, le traditionnel manioc disparait du Nordeste, et le sud-est perd l’arôme du bon café. C’est la fiction scientifique d’une nouvelle distribution des cultures au Brésil, la grande puissance agricole sud-américaine. Sauf que les méchants ne sont pas des extra-terrestres ou des robots mais cette nouvelle "invention humaine" : le changement climatique.

En proie aux oscillations de températures et aux catastrophes naturelles toujours plus fréquentes et extrêmes, les paysages et les cultures changent. Le secrétaire général des Changements Climatiques au ministère de l’Environnement, Eduardo Assad, confirme :

Il y a une hausse des phénomènes extrêmes, comme les températures élevées, qui peuvent faire avorter la floraison du café ; ou les basses températures provoquant des gelées sévères dans le sud ; sans oublier des étés plus chauds qui provoquent une baisse de la productivité des cultures de grains et de la canne-à-sucre.

Déjà en 2008, une étude portant sur le réchauffement climatique et la nouvelle géographie de la production agricole brésilienne tirait la sonnette d’alarme : en 2020 les pertes des récoltes de grains pourraient atteindre 4,6 milliards de $ [3,4 milliards d'euros] et altérer “en profondeur la géographie de la production agricole au Brésil”.

Adaptation logique

On constate une migration naturelle de certaines cultures vers le centre-ouest du pays, plus stable en termes climatiques. C’est notamment le cas du soja. La surface de plantation du café de type Arabica se réduit, surtout dans l’État de São Paulo. Le célèbre grain pourrait être remplacé par des espèces plus robustes, mais avec moins d’arôme et de corps, donc de qualité inférieure. Eduardo Assad affirme :

Si la température augmente de deux degrés dans les prochaines années, une étude montre que la pomme de Santa Catarina pourra être remplacée par la banane.

Une étude portant sur les 9 principales cultures qui occupent 86% de la surface plantée – coton, riz, café, haricot, tournesol, manioc, maïs, soja et canne à sucre – a réalisé des projections basées sur des hypothèses d’élévations des températures. La canne à sucre, matière première de l’éthanol brésilien, pourrait voir doubler sa surface actuelle de culture. Le manioc, au contraire, perdrait du terrain. Le soja pourrait subir des pertes de 40% en 2070.

Préserver un potentiel agricole exceptionnel

Pour le moment, les changements ne sont pas encore visibles dans les comptes du gouvernement : la récolte 2010-2011 devrait augmenter de 9,2%. Le ministre de l’Agriculture, Mendes Ribeiro Filho, s'en félicite :

Ce record de production illustre la force de l’agriculture brésilienne et l’importance du Brésil comme fournisseur mondial d’aliments.

Cependant, ceci n’est pas une garantie pour le futur. Les pluies récentes, qui ont affecté la région de Santa Catarina au début du mois, ont causé des pertes agricoles estimées à 3 millions de $ [2,2 millions d'euros] : diminution des boutures d’oignon, de blé et de tabac, ainsi qu’une forte baisse de la production de lait.

Carte agricole du Brésil en 2009.
Carte agricole du Brésil en 2009. Légende : Céréales (Grãos), Polyculture, Monoculture, Pâturages (Pastagens), Forêt (Floresta), Cueillette sylvicole ou Extractivisme (Extrativismo)

Pour compenser l’impact du réchauffement sur l’agriculture, via l’émission de gaz à effet de serre, le gouvernement investit plus de 2 milliards de $ [1,5 milliard d'euros] dans “l’agriculture à faible émission de carbone”. Depuis 1996, le ministère de l’Agriculture établit chaque année une cartographie agricole des risques climatiques pour chaque culture. Ceci permet à chaque ville de définir la meilleure époque pour semer.

Les mesures d’adaptation à la nouvelle ère agricole visent notamment à réduire les incendies pour libérer des terres de pâturage, à augmenter la production de biocombustibles, à encourager la reforestation, à améliorer la génétique pour créer des espèces plus résistantes aux températures élevées, et enfin à introduire de nouvelles semences et techniques de production.

envolverde.com.br

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