Traquer l’or illégal grâce aux satellites

Grâce aux satellites, il est désormais possible de suivre les principaux enjeux environnementaux. Selon le WWF Guyane, deux études récentes prouvent la pertinence de cette approche dans le suivi des impacts liés à l’exploitation aurifère.

Par GVadmin Modifié le 9 août 2012 à 13 h 57
Mine aurifère guyanaise. © Nateko

Grâce aux satellites, il est désormais possible de suivre les principaux enjeux environnementaux. Selon le WWF Guyane, deux études récentes prouvent la pertinence de cette approche dans le suivi des impacts liés à l'exploitation aurifère.

Ce n'est plus un scoop, l'orpaillage illégal fait des ravages dans les pays qu'il concerne. Une étude (1) sur l’ensemble des trois Guyanes, et sur une partie du territoire de l’Amapá au Brésil (soit une étendue de 525 404 km²), a permis de démontrer que de 2000 à 2008, la déforestation liée à l’exploitation aurifère (tous types confondus, c'est-à-dire légale ou illégale, et alluvionnaire ou primaire) a été multipliée pratiquement par 3 - passant de 22 316 ha à 65 464 ha dans la région des Guyanes.

Par ailleurs, chaque territoire a connu une augmentation comparable de la pression aurifère, soit une hausse de la déforestation d’un facteur 3,2 en Guyane et au Suriname, et de 2,7 au Guyana.

Une autre étude (2) concerne quant à elle le Pérou. Des images satellites de la région de Madre Dios ont permis de mesurer un taux de déforestation, lié à l’exploitation aurifère, de 1915 ha par an entre 2006 et 2009. Soit un taux six fois plus élevé que pour la période 2003-2006.

Un phénomène accentué avec la hausse du prix de l'or

Cette accélération des impacts est à mettre en relation avec la forte augmentation du cours de l’or pendant cette même période, de l'ordre de 18% par an. Selon cette même étude, l’importation massive de mercure pour l’exploitation aurifère pourrait atteindre 500 tonnes en 2011 au Pérou.

Sur la base de ces études, le WWF invite à la mise en place d’un observatoire des pratiques aurifères dans les Guyanes. Selon l'ONG, une telle structure permettrait d’objectiver et de partager le suivi de ces impacts par satellite.

Un suivi particulier de l’exploitation aurifère illégale pourrait être mené, en comparant les zones déforestées (et/ou les lignes de cours d’eau impactés) avec le zonage des permis aurifères attribués par les autorités. Concernant la Guyane, un premier suivi de ce type est réalisé sur le territoire du Parc Amazonien de Guyane (3), mais devra être étendu à l’ensemble du territoire, comme le demande une campagne de sensibilisation.

Exploitation aurifère et déforestation.

Drames et solutions

Malgré une conférence internationale co-organisée en juin dernier par le le WWF du plateau des Guyanes et le ministère des Ressources naturelles du Suriname, l’exploitation aurifère à petite échelle notamment continue à faire des ravages sociaux et environnementaux.

D'autre part, certaines des opérations de lutte contre l'orpaillage illégal tournent encore au drame, comme c'était le cas en septembre dernier à l'occasion d'une opération sur la crique Chantal, dans l'ouest de la Guyane française, lors de laquelle un chercheur d'or clandestin originaire de l'État de Piaui au Brésil a été tué par balles, et un gendarme français grièvement blessé (paralysie des membres inférieurs).

Mais tout espoir n'est pas vain et des solutions pointent à l'horizon, comme en Colombie où une ONG et des petits producteurs locaux se sont associés pour produire un or écologique.

Pour en savoir plus : deforestation-amazonie.org

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(1) "Impact de l’activité aurifère sur le plateau des Guyanes / Rapport final", par Guilhem Debarros, Pierre Joubert, ONF-DR Guyane. Étude commandée par le WWF Guianas dans le cadre du programme GSNRM, cofinancé par le DGIS, le FFEM et le WWF.

(2) "Gold Mining in the Peruvian Amazon: Global Prices, Deforestation, and Mercury Imports", par Swenson JJ, Carter CE, Domec J-C, Delgado CI (2011).

(3) "Bilan des impacts de l’orpaillage illégal sur le territoire du Parc Amazonien de Guyane au 31 décembre 2010", par Nicolas KARR, Alain COPPEL, Sébastien ALLO, Cécile GUITET (janvier 2011).

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