La RSE, une façade pour mieux exploiter?

Alors que les géants mondiaux de l’industrie minière se réunissent à Santiago pour faire le point sur leurs politiques de RSE, le contre-sommet de l’Université du Chili dénonce un concept qui sert plus les intérêts des entreprises que ceux des communautés.

Par GVadmin Modifié le 3 août 2012 à 17 h 21
RSE au Chili.

Alors que les géants mondiaux de l'industrie minière se réunissent à Santiago pour faire le point sur leurs politiques de RSE, le contre-sommet de l’Université du Chili dénonce un concept qui sert plus les intérêts des entreprises que ceux des communautés.

Manifestation RSE au Chili.
Des militants sociaux dénoncent la mascarade de la RSE à l'hôtel Sheraton de Santiago. © El Clarín de Chile

Premier producteur mondial de cuivre, le Chili a misé l'essentiel de son développement économique sur le secteur minier. Très gourmande en eau et en électricité, polluante, cette activité suscite souvent la colère des populations locales, pour qui les bénéfices en termes d'emplois et de bien-être social sont rarement à la hauteur des espérances.

Soucieuses de préserver leur image, bon nombre de multinationales exploitant les richesses du sous-sol chilien, comme Barrick Gold ou Teck, mettent en place des programmes de développement destinés aux communautés locales. Cette année, elles lancent même le premier Séminaire international sur la RSE de l'industrie minière, qui s'est tenu à l'hôtel Sheraton de Santiago du 19 au 21 octobre.

Mais pour les opposants à l'industrie minière, le concept même de RSE n'est que de la poudre aux yeux. Pour le démontrer, ils n'ont pas hésité à organiser à l'université du Chili un contre-sommet ouvert à tous, baptisé "RSE : le mythe des bénéfices miniers".

L’État profite de la RSE pour ne rien faire

Anthropologues, sociologues et responsables d'ONG se sont relayés durant toute la journée du vendredi 21 octobre pour expliquer quelles ont été pour les communautés locales les conséquences de l'utilisation stratégique de la RSE de la part des entreprises, et montrer les véritables conditions de travail et la qualité des emplois générés par les mines.

Les ONG dénoncent aussi l'attitude de l'État, qui n'assume plus ses responsabilités en matière de santé, d'éducation, de culture et de travaux publics, laissant les entreprises apparaître comme des bienfaitrices chargées de résoudre les problèmes de la population. Les géants de l'extraction minière ont tenté de rallier à leur cause des ONG chiliennes emblématiques en les invitant à participer à leur conférence, mais l’initiative a rencontré peu de succès.

ANAMURI, l'Association nationale des femmes paysannes et indigènes, a même été incluse dans la liste des participants sans être consultée au préalable, et a dû clarifier ses positions à travers un communiqué, qui résume assez bien le sentiment des communautés concernées par l’industrie minière :

Nous ne croyons pas que dans le modèle économique actuel, la RSE de la part des entreprises existe vraiment, encore moins en ce qui concerne la préservation de nos territoires et de la biodiversité de la nature. […] L'exploitation minière a tout détruit sur son passage, y compris la conscience de ceux qui, comme hier, ont cru que les nouveaux conquistadors allaient trouver des solutions à la pauvreté et à l'abandon de nos champs.

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