Le pays où tout le monde habite en ville

Agissant comme de véritables aimants, les métropoles argentines abritent déjà 92% de la population du pays, bien plus qu’aux États-Unis ou en France. Une tendance qui s’accentue et oblige à chercher des modèles durables de développement urbain pour digérer le flux constant de nouveaux arrivants.

Par GVadmin Modifié le 7 novembre 2012 à 17 h 50
Buenos Aires. © lrargerich (Flickr.com)

Agissant comme de véritables aimants, les métropoles argentines abritent déjà 92% de la population du pays, bien plus qu'aux États-Unis ou en France. Une tendance qui s'accentue et oblige à chercher des modèles durables de développement urbain pour digérer le flux constant de nouveaux arrivants.

Si la concentration de la population dans les villes est un phénomène mondial bien connu, l'Argentine fait toutefois figure de "référence" dans le domaine, avec plus de 9 habitants sur 10 vivant dans des centres urbains (92%). C’est plus que dans des pays où la densité démographique est largement supérieure : ils ne sont que 85% en France, 82% aux États-Unis, et à peine 74% en Allemagne.

Dans son dernier rapport, l'ONU révèle non seulement que la barre des 7 milliards d'humains est atteinte, mais aussi qu'un habitant de la planète sur deux est citadin. Ils sont déjà 79% en Amérique latine, et ce chiffre devrait grimper à 90% d'ici 40 ans ; en d'autres termes, l'Argentine dépasse déjà le niveau prévu pour 2050 à l'échelle du continent.

Rue de Buenos Aires.
Rue de Buenos Aires. © Alex E. Proimos (Flickr.com)

Cette attraction concerne plusieurs villes importantes, mais c'est surtout à Buenos Aires que la tendance est la plus marquée. La capitale argentine regroupe en effet plus du tiers de la population du pays, soit quelque 13,5 millions d'habitants, et connaît actuellement sa plus forte croissance depuis 40 ans.

Pour Eleonor Faur, sociologue du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le phénomène est amplifié par l'arrivée massive d'étudiants et de travailleurs de pays limitrophes, en quête de meilleures conditions de vie. Le modèle agricole argentin, qui fait la part belle à la production de soja ultra-mécanisée sur d'immenses étendues, a également accéléré l'exode rural et achevé de vider les campagnes.

Centralisation des inégalités

Les villes ne sont plus seulement synonyme d'opportunités de travail, elles sont aussi des centres d'information et de culture dont nous ne saurions plus nous passer. L'ONU redoute cependant que ces métropoles deviennent peu à peu invivables et insiste sur la nécessité d'appliquer de nouveaux modèles de développement urbain. Artemio Abba, directeur de l'Observatoire urbain de la ville de Buenos Aires, explique :

On étudie aujourd'hui comment les villes pourront contrôler leur empreinte écologique. Le concept de villes durables part de là. Les transports jouent un rôle crucial, tout comme l'utilisation de l'énergie ; il est impératif d'abandonner les gratte-ciel, de construire des édifices moins hauts, sans ascenseur, pourvus de toits verts.

Le spécialiste pointe également du doigt l'un des déséquilibres les plus flagrants de la capitale argentine : "à Buenos Aires, on compte 390 000 logements inoccupés, alors qu'il existe un déficit de 130 000 habitations". Artemio Abba déplore le caractère exclusif de la métamorphose urbaine actuelle, destinée à satisfaire une petite minorité de personnes riches :

Le processus d'urbanisation est toujours celui des années 90. Une prédominance d'investissement pour des autoroutes, des quartiers privés et des immeubles de luxe, qui s'accaparent les ressources et sont destinés à un public aisé. La capitale a connu une croissance de sa population, en particulier celle de revenus modestes, à qui il faudrait faire de la place.

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