"L’industrie des télécoms a énormément contribué à la croissance de la société indienne"

Vinod Kumar est depuis février 2011 le PDG de Tata Communications. Son entreprise investit dans des technologies de communication innovantes, tout en misant sur la responsabilité sociale.

Par GVadmin Modifié le 11 décembre 2012 à 17 h 06
Vinod Kumar. © VSNL Pte Ltd.

Vinod Kumar est depuis février 2011 le PDG de Tata Communications, filiale du géant indien Tata qu’il a rejointe en 2004. Le groupe investit aujourd’hui dans des technologies de communication innovantes, à la recherche du moindre impact sur l’environnement, tout en misant sur la responsabilité sociale. Interview à l'occasion du World Forum de Lille le 16 novembre 2011.

Vinod Kumar.


Green et Vert : Pouvez-vous nous rappeler les points forts de Tata Communications ? Dans quelle mesure êtes-vous un des leaders dans votre secteur d’activité?

Vinod Kumar : Nous sommes une entreprise internationale de télécommunications. Aujourd’hui, il est possible de communiquer avec n’importe qui, n’importe où dans le monde. Nous détenons à peu près 25% de la capacité des câbles sous-marins et nous assurons la gestion de ce trafic international qui représente 1 appel téléphonique sur 7. L’idée principale étant de jeter des ponts entre tous les continents, pour mieux communiquer. Le monde finalement est un village, et grâce à des collaborations accrues, nous participons à sa construction.

G&V : La communication et le dialogue sont très importants dans votre secteur d’activité. Le groupe Tata essaye de favoriser les bonnes pratiques, et développer la visioconférence afin de limiter les déplacements en avion etc…

V.K. : Mieux encore, on peut parler de services de téléprésence. C’est de la vidéoconférence extrêmement sophistiquée qui vous donne l’impression d’être à un mètre de votre interlocuteur, avec une qualité d’image et de son extraordinaire. Je dirais qu’il s’agit là d’un outil absolument incroyable pour communiquer partout dans le monde. Nous avons entre 30 et 40 salles équipées de ces dispositifs en interne. Pour vous donner une petite idée, hier j’ai eu 3 réunions à distance avec Montréal, puis 2 avec les USA. Le tout sans quitter mon bureau de Singapour. Des conversations en temps réel sur des sujets extrêmement importants, et sans endommager la couche d’ozone. Ce système a été mis en place il y a 2 ans et  a connu une croissance de 35%. Dans le même temps, les frais de voyage de l’entreprise ont diminué de 9% la première année, de 11% la deuxième.

G&V : Vous travaillez avec de nombreux partenaires, mais pour les PME il est parfois difficile d’avoir accès à ce genre de technologies…

V.K. : Nous avons créé 30 à 35 salles privées qui proposent des services de téléprésence un peu partout dans le monde, comme à Lille par exemple. C’est public, et toute PME peut utiliser ce service, ce qui limite leurs investissements. Nous avons une équipe qui travaille à son développement, pour qu’il soit accessible via un smartphone, une tablette, un ordinateur… Peut importe la technologie utilisée, vous avez la possibilité de vous connecter.

G&V : Comment améliorer l’efficacité énergétique des Data Center, au cœur de l‘industrie des télécommunications?

V.K. : Les Data Center sont très importants dans notre fonctionnement. Nous en possédons un peu plus de 40. Ils sont très consommateurs d’énergie, ce sont des milliers de serveurs qui génèrent énormément de chaleur. Nous travaillons donc sur 2 points importants : la construction de nouveaux Data Center, moins gourmands en énergie et sur l’efficacité des ordinateurs eux-mêmes. Ensuite, nous nous penchons sur le sujet des énergies alternatives.

G&V : Finalement, en essayant de tout miser sur la RSE, n’y a-t-il pas un risque de ne pas en recevoir les bénéfices attendus?

V.K. : La RSE se base toujours sur une perspective à long terme. On sait bien qu’il y aura un retour sur investissement réalisé plus tard. Vous devez tout simplement croire en vos projets ! Vous devez être convaincu que ces approches RSE permettront vraiment d’améliorer la vie des citoyens, de la communauté. Tôt ou tard, tous nos employés n’en verront que les avantages.

G&V : Comment est gérée la RSE à l’échelle du groupe Tata?

V.K. : La famille Tata, qui détient 66% de la holding, réinvestit ses dividendes dans la société et une fondation. Le groupe essaie de promouvoir la RSE dans chacune de ses filiales, en permettant aux employés de prendre des initiatives et de s’impliquer dans un grand nombre de projets. Par exemple l’aide aux enfants défavorisés, la construction de routes, la prévention du sida, l’aide d’urgence en cas de catastrophe naturelle. C’est quelque chose qui nous tient à cœur : nous voulons que nos employés s’engagent et apportent leur contribution à la communauté.

Après le mobile, la prochaine révolution des télécommunications en Inde sera celle de l'Internet haut débit.

G&V : Dans quelle mesure les télécommunications ont-elles participé à la croissance économique de l’Inde?

V.K. : Dans les années 1990, le téléphone fixe était un privilège. Aujourd’hui, la révolution du mobile a radicalement changé le paysage. Nous avons 500 millions de téléphones portables en Inde et les Indiens optent avant tout pour le mobile. Il y a un grand nombre d’opérateurs, qui souhaitent consolider le marché et faire évoluer la réglementation. C’est vrai que nous sommes 1 milliard dans le pays, mais la pénétration dans certaines des plus grandes villes approche les 70%. Ça fait une grande différence dans la vie des citoyens, dans la façon de communiquer. Les zones rurales profitent également de ces nouveaux moyens de communications. Par exemple, les agriculteurs sont informés via leur mobile des prix de leurs denrées sans passer par un intermédiaire. Je pense que l’industrie des télécommunications a fortement contribué au développement de la société. Mais il reste beaucoup de choses à faire; La pénétration de l’Internet haut débit est encore limitée par exemple, mais ce n’est qu’une question de temps, ce sera la prochaine révolution.

G&V : Comment le groupe Tata peut-il donner une réponse à la pauvreté en Inde?

V.K. : Je peux vous garantir que le groupe agit énormément dans ce domaine, et ce depuis plusieurs années. Nous développons de nombreux projets pour améliorer l’accès aux soins médicaux, l’éducation, l’intégration des femmes dans la société, la distribution d’eau potable dans les villages… Nous disposons également d’un institut de recherche qui travaille sur tous ces aspects. Au cours des dix dernières années, le président actuel, M. Ratan Tata, a mis l’accent sur 2 points : la mondialisation de son entreprise, et la réflexion sur des services BoP ("Base of Pyramid") à destination des populations défavorisées.

Stéphane Enilorac