La crise vole la vedette à l’écologie

Les résultats sont tombés dimanche dernier : Mariano Rajoy a remporté une majorité absolue aux élections législatives. Mais au lendemain de cette victoire écrasante, la droite populaire saura-t-elle redorer l’image de l’Espagne, tout en répondant aux attentes environnementales?

Par GVadmin Modifié le 30 juillet 2012 à 16 h 44
Mariano Rajoy. © Esperanza Aguirre (Flickr.com)

Les résultats sont tombés dimanche dernier : Mariano Rajoy a remporté une majorité absolue aux élections législatives. Mais au lendemain de cette victoire écrasante, la droite populaire saura-t-elle redorer l’image de l’Espagne, tout en  répondant aux attentes environnementales?

Youth Diplomacy.

Écologie : à l’ombre de la crise

La messe n’est pas dite. Mais à l’heure où Mariano Rajoy est d’ores et déjà sous les feux de la rampe, les propositions du parti populaire (PP) en matière d’environnement restent davantage en coulisses. Le pays de Cervantès doit en effet faire face à de nombreuses crises qui volent la vedette à l’écologie. Le chômage gravite autour des 20% (40% chez les jeunes), et a atteint son plus haut niveau selon un article publié dans Le monde en octobre dernier. La croissance économique est anémique et le marché de l'immobilier ne s'est pas relevé depuis l'éclatement de la bulle immobilière. Parallèlement la crise sociale, animée par le mouvement des Indignés baptisé « 15-M », bat son plein et relègue au second plan les questions environnementales, à peine mentionnées dans le programme électoral de Rajoy.

Et pourtant, l’Espagne compte parmi les pays de l’Union européenne qui émet le plus de CO2, loin en cela de ses engagements pris à Kyoto en 1997. Malgré ce constat alarmant, le programme du PP ne semble pas porter ses attentions sur la cause écologique. «Je n'aurai pas d'autre ennemi que la crise économique», mais aussi «le chômage, le déficit, la dette excessive, la stagnation économique et tout ce qui maintient ce pays dans cette situation critique», a assuré Mariano Rajoy lors de sa victoire. En novembre 2007, lors d’une réunion du Giec - le groupe intergouvernemental d'experts sur le climat -, Mariano Rajoy disait «douter fortement» du réchauffement climatique. Par ailleurs, il entend maintenir l’activité des centrales nucléaires aussi longtemps que l’autorité de régulation les jugera sûres. Et faute de fonds suffisants, le PP réduira probablement les aides aux énergies renouvelables.

Après la crise, le temps des préoccupations environnementales?

Mais Madrid est loin d’être hermétique à l’écologie, à tel point que Don Quichotte se battrait aujourd’hui contre des centaines d’éoliennes et non plus des moulins. Des lois posent le cadre dès le début des années 2000 : la loi sur l’économie durable, la loi sur la prévention et le contrôle intégré de la pollution, le Plan national d'attribution des quotas d'émissions de CO2 et la loi sur la qualité de l'air et la protection atmosphérique. Au passage, si plus de 5 milliards d’euros sont à la disposition du ministère de l’Environnement et des organismes qui en dépendent, l’Espagne bénéficiera jusqu’en 2013 de l’aide de fonds européens à l’instar du fond de cohésion ou du FEDER (Fonds européen de développement régional).

Ces fonds sont peut-être paradoxalement l’épée de Damoclès des questions vertes en Espagne. Figée dans l’application des directives européennes, l’Espagne est souvent hors du débat et les partis verts fantômes. Aidant davantage les régions que l’Etat, ces fonds accentuent enfin le manque de coordination entre l’administration centrale et les autonomies, ce qui explique des projets verts épars, mais aucune vraie initiative nationale.

Et si timidement des associations comme Coalicion Clima réclament une loi sur le changement climatique, pas plus tard que lundi 14 novembre, le candidat du parti écologiste Juan Lopez Uralde soulignait qu’Equo était « un défi pour lequel tout restait encore à faire ». C’est aussi l’avis d’Andrés Villena Oliver, porte-parole du mouvement des « Indignés », pour qui « l’écologie restera une préoccupation de second plan » tant que les priorités de la crise et du chômage ne seront pas réglées… Vous l’avez compris, en ces temps troublés de crise, les Espagnols semblent davantage disposés à entendre les propositions économiques qu’écologiques.

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