Trois pays et un même problème, la compagnie Vale

Alors que les exploitations de la société minière Vale s’étendent, des travailleurs canadiens, mozambicains et brésiliens se sont réunis pour confronter leurs expériences des actions prédatrices de la multinationale.

Par GVadmin Modifié le 23 juillet 2012 à 16 h 20

Alors que les exploitations de la société minière Vale s’étendent, des travailleurs canadiens, mozambicains et brésiliens se sont réunis pour confronter leurs expériences des actions prédatrices de la multinationale.

©Phillip Capper

Un lieu qui concentre les problèmes

Les membres de la réunion prennent le train qui suit le trajet de la Route du Fer de Carajás. Destination Açailândia (Acierland), au sud de l’Etat du Maranhão, une ville emblématique de la chaîne de production d’acier. Les communautés locales subissent de plein fouet les répercussions de l’activité minière de Vale. Le Père Dário Bosi, un des responsables du « Réseau Justice sur les Rails », décrit l'endroit:

Açailândia accumule les problèmes: Exploitation minière, déforestation, monoculture de l’eucalyptus, pollution des usines sidérurgiques et de charbon, travail de misère, malnutrition et exploitation sexuelle des enfants.

Après une visite du site Califórnia, implanté autour d’une usine de charbon, le groupe rejoint Piquiá. Un quartier où près de 300 familles souffrent de la pollution de l’eau, du sol et de l’air provoquée par cinq usines sidérurgiques installées au début des années 80. Les observateurs en ressortent choqués. Manançia confie:

Ce que j’ai vu me fait peur. J'ai peur que cela puisse se produire au Mozambique.

Une étude sanitaire montre que 13,5% des personnes sont alités ou porteurs de maladie dégénérative (diabète, hypertension artérielle, maladie de Parkinson ou maladie cardiovasculaire). Les problèmes de peau, maux de tête et troubles respiratoires sont monnaie courante. Toutes les catégories d’âge sont concernées. 61% des patients auscultés présentent des signes d'allergie.

Prostitution infantile

La visite s’est poursuivie vers la ville voisine de Bom Jesus das Selvas, où plus de 50% de la population vit avec moins de 70 R$ (30 euros) par mois. Cette ville de 23 000 habitants s’est créée presque du jour au lendemain, accueillant également plus de 3 000 hommes travaillant à l’extension de la voie ferrée. Conséquences : une explosion des cas de grossesse parmi les adolescentes et une exploitation sexuelle des mineurs à peine cachée. Une assistante sociale révèle:

Il suffit de sortir la nuit pour voir les employés de la société Odebrecht sortir avec ses filles.

Pour Maria Aparecida Silva, aussi assistante sociale:

ici la vulnérabilité sociale due à la pauvreté est très grande. Ces enfants, adolescentes s’offrent à ces hommes en échange de presque rien, des vêtements, des sandales, ou quelques pièces de monnaie.

Un programme qui s'intensifie au Brésil

Que ce soit aux Mozambique, au Canada ou au Brésil, les communautés locales subissent les mêmes impacts, mais les exploitations minières n'y progressent pas de la même façon. Judith Marchall, syndicaliste, confirme

Au Canada l'exploitation minière est déjà bien avancée. Je ne sais pas si Vale pourrait faire ses travaux d’expansion avec autant de facilité qu'elle le fait aujourd’hui au Brésil, sans prendre en compte les conditions environnementales et sociales.

En effet, au Brésil le programme de Carajás s’intensifie avec l’agrandissement de la Route du Fer. Des travaux qui anticipent l’ouverture prochaine de la mine S11D, en plein cœur de la Forêt nationale de Carajás. Il est prévu d'en extraire 220 millions de tonnes de minerai par an. Un projet colossal estimé à 19,9 milliards de Reals (8,5 milliards d’euros). Dans le Minas Gerais, un projet d’extension de mine pourrait détruire la forêt des Mascates, inscrite au patrimoine historique. Le coût du projet dépasse les 12 millions de US$ (9,4 millions d'euros) et est en grande partie financé par de l’argent public.

Vale veut ouvrir des exploitations minières au Mozambique

Vale a actuellement des grands projets pour le Mozambique. L’entreprise participe à hauteur de 51% dans la Société de Développement du Couloir du Nord, une extension ferroviaire de 912 km entre le Port de Nascala et l’intérieur du pays.

Cette acquisition stratégique leur permet d'exporter leur production de cuivre par l’océan. Le couloir logistique de Nascala recevra de 4,5 milliards de US$ d’investissements. Avec ce projet, Vale prévoit le doublement de sa production de charbon dans la région de Tete.

Des investissements monstrueux, bien que présentés comme un progrès pour le Mozambique par la société brésilienne, qui alertent les syndicalistes mozambicains:

Nous souffrons déjà des problèmes engendrés par ce processus d’expansion minière dans notre pays. Les populations sont expulsées des terres fertiles et proches des villes et envoyés vers des territoires lointains.

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