Intoxications en série dans l’industrie du cuir à Canton

Depuis fin décembre, plus de 30 ouvriers du cuir ont été hospitalisés à Canton. L’un d’eux est décédé à l’hôpital, les autres sont toujours en traitements intensifs. Ils auraient été intoxiqués par exposition aux vapeurs de colles non réglementaires.

Par GVadmin Modifié le 17 juillet 2012 à 16 h 31

Depuis fin décembre, plus de 30 ouvriers du cuir ont été hospitalisés à Canton. L’un d’eux est décédé à l’hôpital, les autres sont toujours en traitements intensifs. Ils auraient été intoxiqués par exposition aux vapeurs de colles non réglementaires.

Des ouvriers des industries du cuir à Canton souffre des émanations de dichlorure d'éthylène. ©Milo Smooths (Flikcr)

Encore un nouvel exemple du peu de cas que font les petits entrepreneurs chinois de leurs ouvriers. Fin novembre 2011, trois ouvriers d’une usine du quartier de Baiyun sont pris subitement de tremblements, de troubles de la vue et de la mémoire. Ils sont hospitalisés d’urgence. Depuis, les hôpitaux du quartier voient des personnes touchées du même type de symptômes arriver presque tous les jours. L’un deux est décédé. Verdict du corps médical, ils ont été victimes d’un empoisonnement au dichlorure d’éthylène.

Liang Jian, 20 ans, est l’un d’entre d’eux. Ouvrier dans la petite usine de chaussures ‘Maluyi’, il s’apprêtait à rentrer chez ses parents dans le Hunan pour passer le nouvel an chinois, avec son petit frère, employé par la même usine. Mais, à la veille de leur départ, Liang Jian s’effondre et son frère l’emmène à l’hôpital. Il ne se souvient de rien. Sauf du fait qu’il était assigné à des travaux de collage et que 5 autres collègues ont été victimes des mêmes problèmes.

Les autorités réagissent

La presse locale d’abord puis nationale ensuite ont beaucoup relayé l’événement. La capitale de la province du cantonnais se trouvant ainsi au centre des critiques les autorités ont réagi avec sévérité: 1000 usines d’articles de cuirs (chaussures et sacs à main essentiellement) ont été fermées. Mais Liu Yimin, médecin dans le treizième hôpital du peuple, trouve les mesures très hypocrites.

A vrai dire, s’il y a plus d’intoxications en ce début d’année que l’année précédente, c’est simplement une conséquence de l’augmentation du nombre d’employés qui travaillent dans cette branche. Les années précédentes, beaucoup de petites sociétés des villes de l’intérieur ont fermé durant la crise économique. Elles se sont réinstallées essentiellement à Canton courant 2011. En termes de proportion d’ouvriers intoxiqués, je suppose qu’on est dans la moyenne historique.

Les usines où les empoisonnements ont eu lieu cherchent maintenant à se sortir de cette situation délicate. Maluyi a choisi d’intenter un procès à son fournisseur de colle. Mesure là aussi pleine d’hypocrisie. Des ouvriers interrogés sur leur lit d’hôpital s’insurgent:

C’est partout pareil, dès qu’on touche à la colle, on a des problèmes. Pendant l’hiver, les cadences augmentent, l’aération est réduite, et on tombe comme des mouches. On sait tous que c’est un métier dangereux de faire le collage. Et les responsables le savent aussi bien que nous.

Ces responsables font en tout cas mine de ne s’être aperçus de la non-conformité des colles utilisées que quand la presse a signalé le problème…

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