De la rue au monde de l’entreprise

Un chiffonnier devient micro-entrepreneur de l’année en fondant une coopérative de recyclage dans son quartier. Son prochain projet: un cybercafé fonctionnant avec des ordinateurs récupérés dans les poubelles.

Par GVadmin Modifié le 16 juillet 2012 à 17 h 53

Un chiffonnier devient micro-entrepreneur de l'année en fondant une coopérative de recyclage dans son quartier. Son prochain projet: un cybercafé fonctionnant avec des ordinateurs récupérés dans les poubelles.

De cartonero, Tiburcio Gómez est devenu le micro-entrepreneur de l'année. ©Dan DeLuca (Flickr)

Jamais je n’oublierai cette nuit de 2001. J’étais sorti grappiller dans la soirée, et au petit matin, ma charrette ne contenait qu’un emballage de télévision et une orange à moitié pourrie. […] Je n’avais rien mangé de la journée […], je me suis demandé si c’était ça le futur qui m’attendait, et celui de mes enfants. Alors je me suis rendu compte qu’il fallait que je fasse quelque chose.

Dix ans plus tard, la détermination de Tiburcio Gómez est restée intacte, malgré le chemin parcouru et les changements qui ont marqué sa vie. Membre de la communauté Toba, l’une des ethnies indiennes d’Argentine, cet homme de 35 ans habite un quartier pauvre de la ville de Rosario, à 300 kilomètres de la capitale.

Des projets de réinsertion locale

Sa persévérance lui a d’abord permis de mettre en place une cantine communautaire destinée aux enfants les plus démunis. Les repas sont cuisinés par des femmes du quartier bénéficiant de l’aide sociale. Peu après, c'estt au tour d’une coopérative de recyclage de plastique de voir le jour. Ce projet lui vaut de décrocher le Prix du Micro-entrepreneur, une récompense de 18 000 pesos (3 000 euros), disputée par 258 projets de 15 provinces différentes.

Sa dernière initiative, un cybercafé financé par la coopérative, est en cours de construction grâce aux efforts des plus jeunes membres. Ils remettent en état les meubles et les ordinateurs trouvés dans les poubelles par les cartoneros (les chiffonniers).

C’est pour offrir un endroit aux gamins qui sont souvent dans la rue sans savoir quoi faire. Ça, plus le “délit de faciès”, suffit souvent à ce qu’ils se fassent embarquer, jusqu’à 2 ou 3 fois par semaine.

L'argent reçu servira à augmenter la production de plastique recyclé. Ce recyclage permet déjà à 12 personnes de travailler à temps plein et offre à plus de 200 cartoneros la possibilité de vendre chaque jour le plastique collecté. Une fois broyée, la matière première sert principalement à fabriquer des outils destinés au secteur du bâtiment, comme des seaux et des taloches.

Avec le coup de pouce financier qu'il a reçu, Tiburcio rêve désormais d'acquérir de nouvelles machines qui permettraient à la coopérative de produire elle-même des objets finis. Le jeune entrepreneur confesse:

J'aimerais pouvoir léguer une petite fabrique à mes enfants.

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