La place du nucléaire dans le monde de demain

Un an après l’accident nucléaire survenu à Fukushima au Japon, Anne Lauvergeon, ex-PDG d’Areva, est revenue le 6 mars 2012 devant plusieurs centaines de jeunes sur les atouts et les risques de l’énergie nucléaire.

Par GVadmin Modifié le 9 novembre 2012 à 17 h 20

Un an après l'accident nucléaire survenu à Fukushima au Japon le 11 mars 2011, Anne Lauvergeon, ex-PDG d’Areva, est revenue le 6 mars 2012 devant plusieurs centaines de jeunes sur les atouts et les risques de l’énergie nucléaire.

La population mondiale aura augmenté de plus de 2 milliards d’individus d’ici à 2050, plus de 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité en 2012, et leur espérance de vie est évaluée à 35 ans par l’Organisation Mondiale de la Santé. Anne Lauvergeon pose le contexte. L’énergie est reconnue par l’ONU comme la clé de voûte du développement et de la stabilisation des civilisations. Étant donné les ressources limitées dont nous disposons à tous points de vue,  la question ne semble pas être pour ou contre le nucléaire, mais plutôt comment.

Au-delà du besoin de doubler la production d’électricité pour répondre aux besoins mondiaux à l’horizon 2050, l’Homme a pris conscience que son développement pouvait polluer significativement l’atmosphère. Ainsi, il faut dans le même temps diminuer de moitié les émissions de gaz à effet de serre. Autrement dit, il faut produire 2 fois plus et consommer 2 fois moins. Ce facteur 4 ne pourra pas être atteint avec les énergies renouvelables seules. Considérées comme des énergies d’appoint, les panneaux solaires ne produisent que lorsqu’il y a du soleil, et les éoliennes ne produisent que lorsqu’il y a du vent. Le reste du temps il est nécessaire de recourir aux énergies fossiles pour assurer une production suffisante.

Ce backup nécessaire rend les énergies renouvelables plus chères et plus polluantes qu’elles n’y paraissent.

Areva investit dans le renouvelable

Pourtant, le groupe spécialiste du nucléaire Areva, qu’elle a formé et dirigé pendant plus de 10 ans investit massivement dans la recherche et le développement d’éoliennes. L’entreprise est notamment en train de déployer un grand nombre d’éoliennes en mer. L’éolien, le solaire, la biomasse, l’hydroélectrique, le nucléaire et le gaz ne sont pas exclusifs, et ne permettront pas séparément de fournir l’électricité suffisante. Ils doivent être considérés comme faisant partie d’un «mix énergétique», pour lequel chaque pays doit évaluer la pertinence de favoriser l’une ou l’autre ressource.

De l'avis d'Anne Lauvergeon, l’idée qu’une nouvelle forme d’énergie pourrait voir le jour pour répondre aux besoins croissants de la planète dans les années à venir semble à exclure.

Rechercher une nouvelle source d’énergie demande du temps et des moyens, et sans aucune garantie de résultat. Toutes les énergies exploitées aujourd’hui existent depuis au moins 50 ans.

S’en remettre au hasard et à la chance ne suffira pas à répondre aux challenges qui nous attendent. La recherche doit continuer, mais le pragmatisme doit rester la règle.

Le nucléaire justifie donc sa place par le besoin d’une énergie disponible, abondante et propre. Mais doit-on poursuivre l’exploitation d’une technologie dont le niveau de maitrise par l’Homme a au moins par 3 fois montré ses limites et causé d’importants dégâts? Selon l’ancienne dirigeante d'Areva, avec le nucléaire, les probabilités de survenance d’un accident sont extrêmement faibles. Mais l’étendue dans le temps et l’espace d’une catastrophe est telle qu’il n’est pas permis de tolérer la moindre incertitude. Car le nucléaire présente des risques, mais pas d’incertitude :

Les conditions nécessaires à l’exploitation en toute sécurité d’un réacteur nucléaire sont clairement connues et définies.

Reste à les appliquer.

Des règles de sécurités à appliquer strictement

Si elle déplore le tragique accident survenu il y a un à Fukushima, Anne Lauvergeon rappelle que le nucléaire s’accompagne de mesures de sécurité strictes, qui concernent autant les matériels que les humains. Les équipements et infrastructures doivent être conçus et maintenus rigoureusement, l’organisation doit être adaptée et capable de gérer le pire. Et, surtout, une culture de la sécurité doit être instaurée et entretenue dans le temps. Concernant Fukushima, la digue de protection n’était de toute évidence pas assez haute, et le temps mis pour décider du refroidissement du réacteur relève d’une dangereuse gestion du risque, déplore l’ex-PDG du groupe nucléaire français.

Concernant l’installation potentielle de réacteurs nucléaires dans plusieurs zones du globe géopolitiquement instables, «Atomic Anne» appelle de ses vœux à la responsabilité de la communauté internationale. Dans ces régions du monde, les probabilités accrues d’actes terroristes, la trop faible culture de la sécurité ainsi que l’insuffisance organisationnelle constituent des barrières évidentes à l’implantation d’un programme nucléaire.

Pourtant, 59 centrales nucléaires doivent être construites dans les prochaines années dans le monde, dont près de la moitié dans des régions géopolitiquement à risques.

Jérémy Lamri

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