Les éco-guerriers veillent sur la forêt

Une unité composée de 580 hommes parcourt les réserves naturelles du pays et lutte contre des menaces d’un genre nouveau. En limitant la déforestation, le Nicaragua espère préserver ses ressources en eau.

Par GVadmin Modifié le 13 juillet 2012 à 15 h 27

Une unité composée de 580 hommes parcourt les réserves naturelles du pays et lutte contre des menaces d’un genre nouveau. En limitant la déforestation, le Nicaragua espère atténuer les effets du changement climatique et préserver ses ressources en eau.

Au Nicaragua, l'armée assure la protection et le reboisement de la forêt. ©denn (Flickr)

Le succès est au rendez-vous pour la première mission des soldats de la Garde Verte nicaraguayenne, baptisée Oro Verde. L’opération, consistant à démanteler une exploitation forestière illégale, a permis la saisie de 3165 mètres cubes de bois coupés illégalement dans la réserve du mont Wawashang. Destinées à approvisionner le marché noir des matériaux de construction, les grumes ont été trouvées sous des filets et des arbustes afin d’empêcher leur détection depuis les airs.

Depuis 1983, la couverture forestière du pays est passée de 63% à 40%. Au rythme actuel de déforestation, elle pourrait descendre à 25% d’ici 2030 si rien n’est fait.

La menace est prise au sérieux par le gouvernement. La constitution du Nicaragua établit que:

Toute action affectant gravement l’environnement du pays sera considérée comme un danger pour la sécurité nationale.

Si les membres de l'éco-bataillon peuvent compter sur leurs  fusils pour lutter contre les bucherons clandestins, ils disposent aussi d’un matériel plus rudimentaire. Armés de pelle, ils assurent le reboisement et participent à l’effort national consistant à planter 560 000 arbres dans les zones où la forêt a disparu.

L’effet conjugué du réchauffement climatique et de la déforestation a des conséquences dramatiques sur le régime de précipitations et sur l’agriculture. Selon Paul Oquist, conseiller présidentiel pour le Développement et délégué aux sommets mondiaux sur le climat, près de 9% des récoltes sont perdues ainsi chaque année depuis 2006.

L’élévation des températures oblige les producteurs de café à grimper toujours plus haut dans les montagnes, et met en péril l’une des principales exportations du pays.

La forêt, source de pluie… et d’énergie

En veillant sur ses ressources naturelles, le Nicaragua espère aussi préserver son potentiel énergétique. À l’heure actuelle, les combustibles fossiles assurent la majeure partie de la production d’électricité. Mais l’objectif est de couvrir prochainement 50% des besoins grâce à l’hydroélectricité.

Pour cela nous devons préserver et protéger nos réserves naturelles et nos forêts, afin de disposer de suffisamment d’eau pour construire ce qui sera la plus grande centrale hydroélectrique d’Amérique centrale: Tumarín.

explique le colonel Juan Ramón Morales.

Mais si nous n’avons plus de forêts, nous ne produirons pas les pluies nécessaires au développement de ce projet. On ne peut pas construire une centrale hydroélectrique dans le désert.

Particulièrement touchés par les effets du réchauffement planétaire, les pays d’Amérique centrale ne peuvent se permettre de rester les bras croisés en attendant que la communauté internationale réagisse. Le gouvernement du Nicaragua sait qu’il doit mettre en œuvre au plus vite ses propres solutions, et le bataillon écologique est l’une d’elles. Philosophe, le colonel conclut:

Le monde change, et les militaires devront s’adapter aux nouvelles menaces.

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