Un squat durable en Patagonie

L’occupation illégale de terrains constitue généralement la première étape de la formation de bidonvilles. Mais pauvreté ne rime pas forcément avec manque de conscience environnementale: bien au contraire.

Par GVadmin Modifié le 12 juillet 2012 à 17 h 34

Pratique courante à travers toute l’Amérique latine, l’occupation illégale de terrains constitue généralement la première étape de la formation de bidonvilles. Mais pauvreté ne rime pas forcément avec manque de conscience environnementale: bien au contraire.

Plusieurs familles se sont appropriées un terrain à El Bolsón, pour une expérience d'habitat communautaire et écologique. ©Pablo Spekuljak (Flickr)

El Bolsón, petite ville de Patagonie nichée au creux d’une vallée réputée pour sa bière, ses vergers bios et son artisanat, est devenue le théâtre d’une expérience innovante. Elle mélange avec succès lutte pour le droit au logement, autogestion et développement durable.

Tout a commencé avec la prise de possession d’un terrain communal de cinq hectares par plusieurs familles sans ressources. Elles se sont appropriées 24 lots distincts, avec l’espoir d’y construire leur toit.

Si l’argent manque, le petit groupe partage un idéal de vie: l'harmonie avec l’environnement. Pas question de fabriquer des abris de fortune en tôle, précaires et insalubres, en attendant que l’État se charge d’améliorer leur sort.

Entraide et production locale

Chaque terrain individuel ne dépasse pas 1 000 m2. Un hectare est réservé aux divers projets communautaires. Deux espaces vont être consacrés à l’agriculture. Une plantation d’arbres fruitiers et des terres destinées au maraîchage. Une zone est destinée à la préservation de la forêt originelle, à travers des projets de reboisement. Un dernier espace est prévu pour les bâtiments communs: une cuisine, des stands où vendre sa production artisanale, une scène pour accueillir des manifestations culturelles, etc.

Pour Vida Luna Muñoz Álvarez, porte-parole du groupe, ce sont les concepts d’habitat écologique et d'agriculture durable qui réunissent les occupants du nouveau quartier. La construction de chaque maison se fait grâce à la formation de mingas: des groupes d’une vingtaine d’adultes qui travaillent de manière communautaire et enseignent ensuite les techniques apprises d’un chantier à l’autre.

Une initiative à partager

Une assemblée réunissant les participants au projet se déroule chaque semaine. Elle est précédée d’ateliers de formation. Bio-construction, permaculture, coopérativisme, ou encore souveraineté alimentaire y sont abordés. Vida Luna détaille les souhaits des participants:

Nous aimerions mettre en place des systèmes de traitement des eaux usées, des éoliennes, des toitures végétales, des chauffe-eau solaires, une banque de graines. Et reboiser avec des espèces d'arbres endémiques et des arbres fruitiers.

Pour y parvenir, ils peuvent compter avec le soutien de diverses ONG spécialisées dans l’éco-construction. La communauté a également obtenu l’approbation de la municipalité. Elle les autorise à occuper cet espace pour une période de 5 ans afin de développer un projet agricole. Vida Luna espère que l'expérience fera des émules:

Nous voulons que cette initiative se transforme en projet pilote, en laboratoire, en exemple, pour que d’autres personnes occupant des terrains s’inspirent de ce que nous ferons ici.

Le campement provisoire installé sur le chantier comporte déjà deux cuisines communautaires et accueille une dizaine de bénévoles de nationalité chilienne, allemande, équatorienne, ou encore colombienne. Venus découvrir les techniques d’éco-construction et de travail de la terre mises en œuvre par  la communauté, les volontaires l’aident à réaliser son rêve: vivre de manière autonome et durable.

elciudadano.cl

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