Les nouveaux esclaves du soja

L’explosion des exportations de soja brésilien ces cinq dernières années se traduit par une nouvelle forme d’esclavagisme.

Par melanie.mangold Modifié le 6 juillet 2012 à 12 h 16

L’explosion des exportations de soja brésilien ces cinq dernières années se traduit par une nouvelle forme d’esclavagisme. Elle frappe les camionneurs chargés de transporter le soja sur plus de 2800 km, à destination du port de Santos. Victimes des cadences infernales dues à une rémunération à la performance, la plupart d’entre eux ont recours à des drogues pour supporter des journées allant jusqu’à 20 heures de conduite.

Les camionneurs brésiliens ne supportent plus leurs longues heures de travail. ©themuuj (Flickr)

Les routes brésiliennes sont en proie à une grave épidémie. C’est ainsi que le Ministère du Travail brésilien qualifie la situation. Chaque jour, 12 000 camions empruntent la route BR 163 qui relie le centre-ouest du pays au port de Santos, porte de sortie du soja brésilien à destination du monde. En 2006, un doublement des voies a été promis par les autorités. Les travaux devaient s’achever en 2011, pour un coût estimé à 1,5 milliard de R$ (plus de 600 millions d’euros), mais à ce jour, seuls deux tronçons sont en travaux. Les camionneurs devront finalement attendre 2015 pour bénéficier de cette amélioration.

Miguel Mendes, directeur de l’Association des Transporteurs du Mato Grosso, affirme:

“Le retard de cet ouvrage va provoquer beaucoup d’accidents et de victimes: 30% des récolte de soja du pays passent par cette route.”

Pendant ce temps, la puissance agricole du Mato Grosso avance. En 2009, l’Etat produisait 18,8 millions de tonnes de soja. En 2012, la production devrait dépasser les 22 millions pour atteindre les 46 millions d’ici 2020.

Bien que le transport au Brésil soit presque exclusivement routier, la profession de camionneur n’a jamais été réglementée. En avril 2012, après deux années de discussion, le Congrès a approuvé une loi de réglementation. La nouvelle loi décrète un total de 44 heures par semaine pour les camionneurs avec deux heures supplémentaires autorisées par jour.

La forme de rémunération par commission n’a pas été interdite, mais elle ne pourra pas imposer des journées de travail excessives. Les transporteurs critiquent cette nouvelle loi, considérant qu’elle va augmenter le coût du fret qui est déjà un problème dans les régions centrales du pays, éloignées des côtes.

La loi devrait permettre une amélioration des conditions de travail des camionneurs. Ils sont les premières victimes d’un système qui ne les rémunère qu’au rendement. Une étude menée par le Ministère du Travail révèle que 40% d’entre eux conduisent sous l’effet de drogues, principalement amphétamines et cocaïne. Ces substances leur permettent de supporter des journées de 20 heures de conduite par jour pour atteindre un salaire de 1000 euros par mois.

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