Vers une certification des contrats de vente de terres indigènes amazoniennes en échange de crédits carbone ?

Une tribu amazonienne qui offrait ses terres à l’exploitation illégale du bois sera la première nation indigène du monde à facturer une nouvelle ressource : le carbone de la forêt préservée.

Par melanie.mangold Modifié le 19 juin 2012 à 17 h 40

Une tribu amazonienne qui offrait ses terres à l’exploitation illégale du bois sera la première nation indigène du monde à facturer une nouvelle ressource : le carbone de la forêt préservée.

La tribu indigène des Suruís a signé des contrats de crédits carbone. ©bensutherland (Flickr)

Des transactions entre des tribus indigènes et des société de crédit carbone

Des transactions conclues entre des chefs de tribus indigènes et d’obscures sociétés de crédit carbone avaient éveillé les premiers soupçons. L’opinion publique avait même été choquée par l’histoire d’un chef amazonien qui  s’était payé un 4x4 de luxe avec de l’argent provenant d’une de ces transactions douteuses.

La semaine dernière, les paiter-suruís, tribu de l’Etat de Rondonia, ont reçu les deux premières certifications internationales leur permettant de signer des contrats de crédits carbone en échange de l’arrêt de la déforestation sur leur territoire.

Le projet exploite le fameux système Redd (Réduction des Émissions par Déforestation), mécanisme visant à compenser financièrement le maintien des forêts tropicales.

Un "fonds souverain" pour l'argent récolté

Le chef de la tribu, Almir Narayamoga Suruí, estime que l’accord peut rapporter de 2 à 4 millions de R$ (0,8 à 1,6 millions d’euros) par an d’ici 2038. L’argent sera placé dans une sorte de "fonds souverain" pour financer des activités économiques durables, comme le tourisme et la production agricole sur des terres déjà privées de forêts.

Contrairement aux accords précédents signés par des chefs de tribus, ce projet est le premier à recevoir les labels VCS (Verified Carbon Standard) et CCB (Climat, Communauté et Biodiversité).

D’après Mariano Cenamo, de l’ONG Idesan qui a élaboré le projet, le VCS garantit aux investisseurs que la tribu suive une méthodologie rigoureuse pour évaluer la réduction des émissions. Le CCB atteste que le projet n’affecte pas la biodiversité ou les droits des indiens.

Le marché mondial de Redd ne sera réglementé qu’en 2020. Malgré cela, en 2010, il a augmenté de 35% et en 2012 il, est estimé à 250 millions de US$ par an dans le monde.

Des clients potentiels en quête de "crédits charismatiques"

D’après Michael Jenkins, directeur de l’ONG Forest Trends, les clients potentiels des suruís sont des entreprises en quête de "crédits charismatiques" pour neutraliser les émissions de leurs activités de production.

La Funai (Fondation Nationale de l’Indien) et le Conseil de la Magistrature enquêtent sur plus de 30 contrats d’achat de crédits carbone conclus par des aventuriers avec des leaders indiens d’Amazonie. L’un d’entre eux, entre l’entreprise irlandaise Celestial Green et la tribu des mundurucus, interdit à cette dernière d’utiliser ses terres.

La seul projet qui a reçu l’aval des organes fédéraux est donc celui des suruís –l’ethnie ayant attendu la validation avant de signer les contrats.

Jenkins affirme que le préparation du projet a coûté 1 million de US$. L’argent a servi à payer les services d’un cabinet pour effectuer un inventaire du carbone stocké dans les forêts des suruís. Un modèle informatisé de simulation de la  déforestation qui se produirait d’ici 2038 sans le Redd a ensuite été construit.

Un cabinet d’avocat a également effectué une étude juridique afin de prouver que les indiens avaient bien droit au carbone de leurs terres. Jenkins explique:

"Cela a coûté cher, mais désormais nous possédons une analyse juridique pour 15% du territoire brésilien, soit le total des terres indigènes du pays."

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