Pénurie de vers mopane

Une chenille bien croustillante figure au menu traditionnel des Africains depuis des générations. Avec le réchauffement climatique, elle risque de devenir bientôt un met rare en Afrique australe.

Par melanie.mangold Modifié le 15 juin 2012 à 17 h 36

Une chenille bien croustillante figure au menu traditionnel des Africains depuis des générations. Avec le réchauffement climatique, elle risque de devenir bientôt un met rare en Afrique australe.

Les vers mopane sont une grande source de protéines. ©laempel

Un manque de pluie tragique

La sécheresse sévit dans différentes régions d’Afrique Australe. Le Zimbabwe, par exemple, a eu peu de pluie ces dernières années. Les services météorologiques du Zimbabwe avaient prévu de la pluie entre octobre et décembre 2011, mais pas partout. Le sud-ouest du pays n’a pratiquement rien reçu. Les récoltes de légumes et de céréales dans le sud ont été catastrophiques. Par conséquent, les chenilles comestibles sont rares.

Cette situation est typique de la région de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Les pluies ont été extrêmement irrégulières pendant la saison des pluies. Madagascar et le Mozambique ont été victimes des déluges dus au Cyclone Giovanna. L’Ile Maurice et le Zimbabwe n’en ont presque pas eu.

Les chenilles sont devenues dures à trouver

Les chenilles (Mbinzo en Lingala) ont besoin d’un environnement fertile. Elles se nourrissent de végétaux bien verts. Ce sont les larves du papillon Empereur et elles ont une grande valeur nutritionnelle. Elles sont très riches en protéines et constituent un supplément apprécié dans les régimes ruraux. Leur disparition pourrait priver des milliers de villageois d’une source nutritionnelle vitale dans les années à venir. Traditionnellement, la saison des pluies a toujours augmenté l’étendue des choix culinaires des communautés rurales.

Sobona Mtisi, un chercheur sur le changement climatique à "Overseas Development Institute", l'organisme qui dirige l’action du gouvernement zimbabwéen dans ce domaine, déclare:

"Nous ne déplorons pas seulement la perte de végétation et de chenilles. C’est aussi une grande perte de protéines dans l’alimentation, ainsi qu’une perte de revenus. C’est délétère pour la santé et le niveau de vie des gens des campagnes et des villes."

Wendy Zulu gagne sa vie en vendant des chenilles. Elle voyage plusieurs fois par an vers la ville de Bulawayo pour trouver des clients.

"Cette année, je n’ai toujours pas fait mon voyage car la saison des pluies n’a jamais vraiment commencé. Il n’y a pas de végétation abondante pour ces chenilles. Tout ce que je peux faire, c’est attendre et voir.”

Moins de pluie : moins de nourriture

Selon Mtisi, la rareté des chenilles pourrait être un des signes du changement climatique.

En 2005, le Groupe intergouvernemental sur le changement climatique avait prévu une aridité accrue en Afrique australe, une des parties les plus peuplées du continent. La production de nourriture dans des pays comme le Zimbabwe devrait aussi diminuer de moitié d’ici 2020, selon la même source.

En dépit de leur rareté, les chenilles restent un grand business dans d’autres régions de l’Afrique australe. Au Botswana, la chenille est une industrie lucrative, de multi-millions de dollars. L’Afrique du Sud, quant à elle, récolte jusqu’à 1 600 tonnes de chenilles annuellement.

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