De petits progrès pour la protection sociale des travailleurs

Un jugement récent de la cour suprême a confirmé la responsabilité d’une entreprise privée sur la santé de ses employés. Une victoire bienvenue pour les victimes qui sont souvent sacrifiées sur l’autel des profits.

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 8 juin 2012 à 16 h 10

Un jugement récent de la Cour suprême a confirmé la responsabilité d’une entreprise privée sur la santé de ses employés. Une victoire bienvenue pour les victimes qui sont souvent sacrifiées sur l’autel des profits.  

Un petit pas pour la protection sociale des travailleurs... © Marano Marco Photography

Somboon Sikhamdokkae, qui a passé sa vie comme employée dans une confection, a appris en 1993 qu’elle souffrait de byssinose, la "maladie des fibres végétales". Au cours de sa campagne pour défendre ses droits et ceux de ses collègues aussi touchées, elle a constaté la gravité de la situation des accidentés et malades du travail dans son pays. La Thaïlande a compté pendant très longtemps une seule spécialiste de ce type de maladies. Somboon Sikhamdokkae s'exprime:

« C’est incroyable, mais comme les autres rares médecins du travail, elle était assiégée de procédures judiciaires si elle déclarait que ses patients étaient malades du fait des conditions de travail. »

Les choses se sont améliorées en 2005, quand le ministère de la Santé a créé des services de médecine du travail connectés au système de sécurité sociale dans les hôpitaux. Un autre signe encourageant vient du jugement de la Cour suprême, qui a maintenu la décision d’un tribunal local sur la maladie de Somboon Sikhamdokkae et de 37 de ses anciennes collègues. Leur ancien employeur leur doit 8 millions de bath (196 000 euros) plus les intérêts, pour les dédommager de leur handicap et des frais médicaux occasionnés par leur maladie.

Une étape importante

La création d’un "fonds national de compensation des travailleurs" a été une étape importante pour les victimes d’accidents du travail. Cependant, il est trop souvent contourné par les employeurs. Somboon Sikhamdokkae explique:

« Ils préfèrent souscrire à des assurances privées. Cela les dispense de contribuer au fonds national. Mais les compensations venant des assureurs sont bien inférieures à celles prévues par la loi dans le cadre du fonds. »

Somboon se bat désormais pour ses compatriotes dans une situation analogue à la sienne. "Le réseau des patients de médecine du travail", organisation qu’elle a mise en place, réclame un arsenal législatif plus rigoureux pour contraindre les employeurs à compenser les malades et accidentés. Le prix à payer en cas d’incident serait la meilleure garantie pour que les usines fassent de la prévention. Somboon espère que la contribution au fonds national de compensation pour les travailleurs devienne obligatoire. Ce serait un immense pas en avant.

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