Asphyxiée par ses poubelles

Un incendie d’ordures a ravagé une décharge jamaïcaine avant d’être maîtrisé. Il a provoqué la fermeture des écoles et des commerces. L’absence de système de collecte des déchets conduit les habitants à les incinérer et à vivre au milieu des fumées toxiques.

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 8 juin 2012 à 17 h 28

Un incendie d’ordures a ravagé une décharge jamaïcaine pendant toute une semaine avant d’être maîtrisé. Il a provoqué la fermeture des écoles et des commerces. L’absence de système de collecte des déchets conduit les habitants à les incinérer et à vivre au milieu des fumées toxiques.

L'incendie d'une décharge a été éteint au bout d'une semaine. © photohontas

Une semaine d'incendie

Il aura fallu dépenser 60 millions de dollars jamaïquains (530 000 €) et patienter sept longs jours avant de venir à bout du terrible incendie de la décharge de Riverton, située en bordure de la capitale.

Une semaine durant, les habitants de Kingston ont respiré des émanations toxiques provenant de la combustion des ordures. Mais ce n’est que trois jours plus tard que la dangerosité des gaz polluants a pu être établie.

Un dispositif de contrôle de la qualité de l’air mis en place dans l’urgence par l’Agence Nationale de l’Environnement et de la Planification (NEPA) a permis de prendre la mesure du sinistre. Selon Gary Campbell, responsable de la gestion de la qualité de l’air à la NEPA:

« Les analyses indiquent la présence de particules toxiques à des concentrations très supérieures à celles auxquelles devraient être exposées les êtres humains. »

Non respect des normes internationales

En 2005, un rapport dressé dans le contexte de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) révélait que les maladies respiratoires figurent parmi les principales causes d’hospitalisation et de décès en Jamaïque.

La Jamaïque compte six autres décharges ne respectant pas les normes internationales. Arrivé à saturation, le site de Riverton aurait dû fermer depuis 2007.

Moins des trois-quarts des déchets sont acheminés vers les décharges à cause de l’absence de système de collecte dans la plupart des zones rurales. Pour récupérer les métaux qu’ils contiennent, les pneus sont souvent brûlés sur place.

Quand la fumée fait fuir les touristes

L’autre grande source de pollution atmosphérique dont souffre la Jamaïque provient des cultures sur brûlis. Pour défricher les champs de canne à sucre ou produire du charbon, les agriculteurs incendient volontairement leurs terres, au grand dam des professionnels du tourisme et des populations voisines.

Dans la célèbre station balnéaire de Negril, les plages paradisiaques sont souvent obscurcies par d’épaisses fumées provenant de la proche campagne, au beau milieu de la saison touristique.

Pour lutter contre ces différentes formes de pollution, Peter Knight, le directeur de la NEPA, milite en faveur de programmes de sensibilisation. Il souhaite que la population prenne conscience des dangers liés à l’incinération de déchets et à l’agriculture sur brûlis.

De leur côté, les associations écologistes réclament un alourdissement des sanctions: l’amende de 2000 dollars jamaïquains (18€) pour incinération à ciel ouvert peine à dissuader les contrevenants.

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