Le gaz de schiste a du plomb dans l’aile en Europe

Cinq pays européens ont désormais déclaré leur intention de limiter, au moins temporairement, les activités liées à l’extraction de gaz de schiste.

Par melanie.mangold Modifié le 9 novembre 2012 à 17 h 09

Cinq pays européens ont désormais déclaré leur intention de limiter, au moins temporairement, les activités liées à l'extraction de gaz de schiste.

Pour récupérer cet hydrocarbure piégé sous la roche, la seule technique connue à ce jour est la fracturation hydraulique, très critiquée pour les dégâts environnementaux qu'elle provoque. Elle nécessite en effet plusieurs millions de litres d'eau et de nombreux produits chimiques pour chaque forage.

Par la loi du 13 juillet 2011, la France avait suspendu les explorations par fracturation hydraulique et trois permis (sur les 64 accordés) avaient même été abrogés quelques mois plus tard. Les collectifs environnementaux restent cependant mobilisés, car cette technique est toujours autorisée dans un but de recherche. Une dizaine de permis d'exploration ont d'ailleurs été accordés en janvier 2012 en Île-de-France.

Depuis le début de l'année 2012, les mouvements contre l'exploitation du gaz de schiste ont pris de l'ampleur dans plusieurs autres pays européens, au point de peser sur les décisions de certains gouvernements. La Bulgarie a décrété un moratoire mi-janvier sur l'exploration et l'exploitation, en attendant une étude d'impact environnemental. Des permis d'exploration, accordés à l'américain Chevron, ont été suspendus.

Chevron risque également de se voir retirer ses licences d'exploration en Roumanie, pour des gisements situées sur les plages de la mer Noire. Le nouveau gouvernement, entré en fonction le 7 mai 2012, s'est prononcé pour un gel des explorations par fracturation hydraulique.

Le 4 mai 2012, le ministre tchèque de l'Environnement a annoncé qu'il préparait un moratoire sur la fracturation hydraulique, le temps d'adapter la législation. Selon lui, les textes actuellement en vigueur, rédigés il y a plus de 20 ans, ne sont plus du tout adaptés aux enjeux actuels. Un nouveau code minier, plus restrictif, devrait donc voir le jour dans les prochains mois.

Mais tous les pays européens ne sont pas réticents à développer le gaz de schiste. Si la Norvège n'explore pas ses importantes ressources (évaluées à 2.350 milliards de mètres cubes par le département américain de l'Energie), c'est pour des raisons économiques. Situées en bord de mer, elles seraient trop coûteuse à extraire, alors que le pays dispose de réserves de gaz conventionnel abondantes.

L'Ukraine et la Pologne comptent bien profiter de la manne pour réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Ces deux pays achètent aujourd'hui l'essentiel de leur consommation de gaz auprès de Moscou, avec qui les négociations sont généralement délicates.

Si les réserves polonaises ont été revues à la baisse fin mars par l'Institut polonais de géologie (PIG), elles sont tout de même encore évaluées à 1.920 milliards de mètres cubes, l'équivalent de la consommation nationale actuelle pour plusieurs décennies. 22 programmes d'explorations ont été lancés en 2011 et environ 120 doivent voir le jour d'ici à 2017. En Ukraine, des enchères pour l'exploration de gisements ont été lancées par les autorités fin avril.

Les Européens sont donc divisés sur la question du gaz de schiste. Le vieux continent ne semble pas prendre le chemin des Etats-Unis, où a débuté la production à grande échelle sur l'ensemble du territoire au début des années 2000.

Jacques Farine

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