Le crabe de Barents, victime des filets de l’administration

L’ex-URSS a toujours fait preuve d’inventivité en termes d’expériences scientifiques, du détournement de rivières à l’introduction de crabes du Kamchatka en mer de Barents. En un demi siècle, le géant rouge est devenu l’une des prises les plus lucratives de la région, entrainant des changements économiques, environnementaux et sociaux.

Par melanie.mangold Publié le 7 juin 2012 à 0 h 48

L’ex-URSS a toujours fait preuve d’inventivité en termes d’expériences scientifiques, du détournement de rivières à l’introduction de crabes du Kamchatka en mer de Barents. En un demi siècle, le géant rouge est devenu l’une des prises les plus lucratives de la région, entrainant des changements économiques, environnementaux et sociaux.

Le crabe royal du Kamchatka est très demandé dans la région. © xoranus (Flickr)

Le crabe voyageur

Le crabe royal du Kamchatka, son espérance de vie de 30 ans et son envergure de deux mètres, n’est pas natif de la région. Il vient du nord du Pacifique, mais dans les années 1960, des scientifiques soviétiques ont lâché quelque 13 000 spécimens et 1,6 million de larves dudit crabe en mer de Barents. En 2012, 9,25 millions de crustacés sont recensés, dont 1,48 million qui auraient une valeur commerciale.

L’or rouge

La pêche au crabe de Barents a débuté en 2004, et en 2008, la viande de crabe atteignait 100 dollars le kilo.

En Russie, cette activité est encadrée par des quotas et consignée depuis peu au-delà de la limite de 12 miles nautiques autour des côtes, pour protéger la reproduction. Au grand dam des pêcheurs russes qui, contrairement à leurs homologues norvégiens, ne peuvent plus pêcher les femelles et vendre leur délicieux caviar, selon Mikhaïl Pereladov, chercheur à l’Institut fédéral russe sur la pêche et l’océanographie.

Les compagnies qui ont beaucoup investi dans ces quotas ne peuvent plus pêcher auprès des côtes et font faillite.

Contrebande

Quant à la contrebande, elle explose. Elle est particulièrement destructrice pour les crabes. Les pêcheurs se contentent généralement de leur briser les pattes avant (la partie la plus chère) et jettent le reste par dessus bord.

Ironie du sort, en voulant les protéger, l’administration russe semble faire plus de mal que de bien aux crabes de Barents.

Et l’écosystème ?

Les scientifiques russes et norvégiens sont d’accord, l’impact de ce natif du Pacifique est limité sur l’écosystème de la mer de Barents dans sa totalité. Il pourrait en être autrement dans les zones de très forte concentration de crabes, comme les fjords, avec une menace sur les populations de mollusques et d’échinodermes.

Le crabe semble bien jouer en faveur de l’environnement : trop gros, trop puissant, il détruit les filets de pêche, mange les poissons lorsqu’ils y sont pris… si bien que les pêcheurs ont dû abandonner la pêche au filet, très destructrice pour les fonds marins, pour se tourner vers… la pêche au crabe.

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