Procès historique contre l’épandage de pesticides

En Argentine, deux agriculteurs et un pilote d’avion risquent la prison pour avoir vaporisé du glyphosate et de l’endosulfan sur des cultures proches de zones urbaines.

Par melanie.mangold Publié le 21 juin 2012 à 0 h 52

En Argentine, deux agriculteurs et un pilote d’avion risquent la prison pour avoir vaporisé du glyphosate et de l’endosulfan sur des cultures proches de zones urbaines. Les cas de malformations congénitales et de cancers se multiplient au sein des populations affectées.

Des producteurs de soja argentins sont accusés d'épandage illégal de pesticides. © santiagonicolau

Un « cocktail de polluants » ?

Pour la première fois en Argentine, des producteurs de soja se retrouvent sur le banc des accusés pour épandage illégal de pesticides. Leur procès a débuté avec le témoignage de l’un des plaignants, le docteur Medardo Avila Vásquez.

Ex-fonctionnaire du secrétariat à la Santé de la ville de Córdoba, il intègre aujourd’hui le Réseau des médecins des localités victimes de pulvérisations de pesticides. Medardo Avila Vásquez a assisté en personne à l’épandage aérien illégal de champs bordant la zone d’Ituzaingó Anexo. Dans ce quartier situé non loin de la ville de Córdoba, les cas de cancer et de malformations ont connu une augmentation dramatique.

Selon les accusés, ces affections ne seraient pas dues aux pesticides mais à un « cocktail de polluants », notamment à l’arsenic contenu dans l’eau potable, ou encore au champ magnétique produit par les transformateurs électriques.

Des suppositions réfutées par Medardo Avila Vásquez, qui signale que l’augmentation des cas de leucémie et de cancer survenue à partir de l’an 2000 correspond avec le début de l’épandage de glyphosate et d’endosulfan dans la région.

80% des enfants touchés

Les deux agriculteurs et le pilote de l’avion sont accusés d’avoir répandu des pesticides par voie terrestre ou aérienne à des distances insuffisantes du quartier d’Ituzaingó Anexo, parfois même directement sur la zone urbanisée.

Ils seront jugés pour « pollution frauduleuse », délit auquel pourrait venir s’ajouter la mention « ayant entraîné la mort » si le lien entre la contamination et le nombre élevé de cas de cancer, de malformations et d’autres pathologies était avéré.

Les dernières études effectuées dans la région sur un groupe de 140 enfants ont révélé la présence des pesticides incriminés dans le sang de 80% d'entre eux.

Au cours de sa déclaration, Medardo Avila Vásquez a rappelé que l’Argentine utilise 340 millions de litres de pesticides chaque année, pulvérisés dans une région où vivent 12 millions de personnes.

Pour Sofía Gatica, fondatrice de l’association les Mères du quartier Ituzaingó Anexo, il s’agit d’un procès historique, qui aura un retentissement au niveau national et permettra peut-être d’en finir avec l’épandage illégal de produits phytosanitaires toxiques.

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